La différenciation des salaires minima en fonction de la taille de l'entreprise semble à priori une idée attrayante, mais soulève aussi des difficultés dans la pratique. Lorsqu’une société envisage d’engager un travailleur supplémentaire ‒ embauche qui la ferait passer dans la catégorie des entreprises devant payer un salaire minimum plus élevé en raison de leurs effectifs ‒, cela peut majorer ses coûts de main-d'œuvre bien au-delà du coût de ce travailleur supplémentaire. Elle peut donc décider de ne pas embaucher ce nouveau travailleur et, soit augmenter le nombre d’heures supplémentaires des employés existants, soit offrir un contrat précaire au nouveau travailleur, ce qui la dispense de déclarer officiellement le changement de taille de l'entreprise.

Ce type de système peut également inciter les grandes entreprises à créer de petites sociétés satellites pour bénéficier des salaires minima inférieurs. Tenant compte de la capacité de payer potentiellement plus faible des PME, et souhaitant atténuer les effets de seuil susceptibles de résulter des taux de salaire minimum distincts, certains pays ont adopté une approche progressive, prévoyant initialement un salaire minimum inférieur, augmentant graduellement jusqu'à atteindre le salaire minimum général, ou national.