Chapitre 6: Mesures d’application du salaire minimum

6.10 Chaînes d'approvisionnement mondiales

Si les salaires et conditions de travail de nombreux travailleurs occupés dans les chaînes d'approvisionnement mondiales sont parfois meilleurs que ceux des entreprises qui approvisionnent le marché intérieur (notamment dans l'économie informelle), les bas salaires et les longues heures de travail y demeurent un sujet de préoccupation1. Dans de nombreuses entreprises, les femmes sont les moins rémunérées2.

La durée excessive du travail et les nombreuses heures supplémentaires y constituent un véritable problème: elle dépasse souvent la limite hebdomadaire de 48 heures établie dans les conventions nos 1 et 30 de l’OIT. Par exemple, une étude menée récemment sur la durée du travail dans les usines chinoises et thaïlandaises de la chaîne logistique de production d’articles de football, montre que 48 pour cent de leurs travailleurs effectuaient plus de 60 heures de travail hebdomadaire3. L’absence de périodes de repos suffisantes et de congés annuels payés est également un problème répandu: la même étude révèle que 25 pour cent des travailleurs de ces usines n’ont pas bénéficié d’au moins un jour de congé par période de sept jours.

En réponse aux revendications des travailleurs des chaînes mondiales d'approvisionnement ‒ salaires plus élevés, meilleures conditions de travail ‒, certains détaillants et marques ont adopté des pratiques fondées sur les principes de responsabilité sociale des entreprises (RSE); ils ont intégré dans leur code de conduite l’obligation de payer des salaires «équitables» aux travailleurs, obligeant leurs membres à offrir des conditions de travail conformes aux normes minimales dans les chaînes d'approvisionnement. Cependant, plusieurs études laissent penser que ces initiatives n’ont eu que des effets modestes4.

La baisse des prix payés aux fournisseurs a contribué à la stagnation des salaires, voire à leur baisse, certains fournisseurs éprouvant des difficultés à augmenter les rémunérations, et parfois même pour se conformer à la législation sur le salaire minimum5. Les fournisseurs et les travailleurs situés à l’extrémité des chaînes d’approvisionnement continuent à percevoir une faible part du prix de vente au détail. Par conséquent, le respect de la législation sur le salaire minimum suppose également des pratiques d'achat responsables.

L’encadré ci-dessous illustre l’action du programme Better Work OIT-IFC concernant le suivi et l’amélioration du respect des règles en la matière.

Le Programme Better Work

Le programme Better Work est un partenariat entre l'Organisation internationale du Travail (OIT) et la Société financière internationale (SFI). Il aide les entreprises à améliorer leurs pratiques, en s’inspirant des normes du travail de l'OIT et des législations nationales du travail, y compris celles sur le salaire minimum.

Pour ce faire, le programme met fortement l’accent sur une coopération renforcée entre les travailleurs et la direction, l’amélioration des conditions de travail et du dialogue social. Un meilleur respect des normes du travail aide les entreprises à répondre aux exigences des acheteurs mondiaux en matière sociale, à améliorer les conditions de travail de leurs employés, et à devenir plus compétitives grâce à une augmentation de la productivité et de la qualité.

Le Programme Better Work met l'accent sur les industries à forte intensité de main-d'œuvre employant un grand nombre de travailleurs vulnérables dans les pays en développement: agroalimentaire, confection, bâtiment et secteur manufacturier léger. Le programme développe à la fois des outils mondiaux et des projets au niveau des pays.

Source:Programme Better Work


1D. Miller et K. Hohenegger: «Valuing labor, buying practices and the low wage question in apparel supply chains», version préliminaire, BIT-INWORK, 2016, en cours de publication.
2 JETI (Joint Ethical Trading Initiatives): «Living wages in global supply chains: A new agenda for business», 2015.
3  R. Smyth, X. Qian, N. Neilsen et I. Kaempfer: «Working hours in supply chain Chinese and Thai factories: Evidence from the Fair Labor Association’s Soccer Project», British Journal of Industrial Relations, Vol. 51:2, juin 2013, pp. 382-408.
4  Locke: «The Promise and Limits of Private Power: Promoting Labour Standards in a Global Economy», New York, Cambridge University Press, 2013.
5  Starmanns, M., «How is value shared within global supply chains? Purchasing practices and low wages in global supply chains», BIT, Document de travail, INWORK (en cours de publication).