Les travailleurs migrants indispensables au secteur hôtelier

Une étude récente de l’OIT montre l’interdépendance des travailleurs migrants et du secteur hôtelier. Elle s’intéresse aussi aux conditions générales de travail. Wolfgang Weinz, expert de l’OIT en hôtellerie, restauration et tourisme revient sur les principales constatations.

Article | 25 juillet 2012

Que savons-nous du nombre des travailleurs migrants employés par le secteur hôtelier à travers le monde?


Il est impossible de chiffrer le nombre des travailleurs migrants par rapport aux 235 millions de personnes qu’emploie ce secteur fluctuant et extrêmement variable d’un pays à l’autre. En plus, dans certains pays, l’emploi informel existe dans l’hôtellerie. Ce qui est sûr c’est que, comme dans de nombreux pays développés la population vieillit, les hôtels recourront de plus en plus aux travailleurs migrants, en particulier aux femmes et aux jeunes.

Pour quelle raison le secteur hôtelier a-t-il tant besoin des migrants?


L’hôtellerie constitue un des secteurs mondiaux les plus vastes et son expansion est une des plus rapides. Très demandeur en personnel, il doit aussi être souple car saisonnier. En règle générale, les contrats proposés sont donc temporaires et les salaires bas parce que les emplois offerts ne demandent pas forcément de qualifications élevées. Les conditions de travail sont souvent difficiles: travail de nuit et le week-end. Ce qui fait de l’hôtellerie un employeur qui séduit peu la population locale, surtout dans les pays développés.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur leurs conditions de travail?


Si leurs conditions de travail varient énormément d’un pays à l’autre, les travailleurs migrants restent évidemment particulièrement vulnérables en termes de santé et de sûreté. Ils tendent aussi plus que les autres, en particulier les femmes, à occuper des emplois peu qualifiés et moins bien payés. Les travailleurs migrants ne bénéficient pas toujours non plus du soutien syndical. Leurs rôles et responsabilités suivent une fracture «Nord/Sud». Ceux en provenance des pays pauvres tendent à se retrouver tout au bas de la hiérarchie et ceux des pays développés aux postes d’encadrement et aux postes techniques.

Qu’est-ce que le secteur hôtelier offre en retour aux migrants?


Beaucoup de travailleurs migrants n’envisagent pas de faire carrière dans le secteur hôtelier mais visent plutôt d’autres secteurs du pays hôte ou veulent rentrer chez eux à moyen ou long terme. Par contre, leur emploi hôtelier leur permet souvent d’envoyer de l’argent chez eux et de subvenir aux besoins de leur famille. Parfois, ils profitent de leur séjour à l’étranger pour acquérir des compétences linguistiques nouvelles qui leur serviront ensuite dans leur carrière. Dans le meilleur des cas, ils retournent chez eux armés du savoir-faire ainsi acquis et ouvrent leur propre entreprise hôtelière.

Quel a été l’impact de la crise sur les travailleurs migrants employés dans le secteur hôtelier?


Même si l’étude "Migrant workers in the international hotel industry" ne porte pas spécifiquement sur l’impact de la crise économique, on peut s’attendre à ce que les emplois faiblement rémunérés proposés par le secteur hôtelier soient devenus désormais plus attrayants qu’avant la crise. Cela est vrai pour les migrants internationaux comme les internes. En Égypte, par exemple, la pénurie des emplois en zone rurale a contraint beaucoup de personnes à rechercher un emploi dans un des hôtels situés dans les zones touristiques.