Il est facile de se faire happer par la routine quand on travaille pour une grande agence des Nations Unies comme l’Organisation internationale du Travail. On finit par perdre de vue la valeur et l’impact de son travail. Mais le jour où j’ai lu dans un grand journal tanzanien un article consacré à l’un des étudiants de notre programme pilote d’apprentissage – formation de jeunes pour l’industrie hôtelière – j’étais vraiment ému aux larmes.

Le jeune homme de l’histoire, Barnaba Barungi, ne pouvait pas poursuivre ses études dans l’enseignement supérieur parce que sa famille n’avait pas les moyens de payer les frais de scolarité. Il a donc contribué aux revenus de la famille en vendant du poisson dans les rues de Dar es Salaam. Il aurait sans doute continué à le faire pour le reste de sa vie.

Mais il a découvert le premier programme d’apprentissage en Tanzanie auquel mon équipe et moi, depuis les bureaux de l’OIT en Afrique du Sud et en Tanzanie, avions contribué en conseillant les mandants lors de sa conception.

Le programme était très attrayant pour lui: c’était l’occasion d’apprendre dans les meilleurs hôtels et à l’Ecole nationale du tourisme. Il pourrait acquérir un meilleur niveau de qualification et obtenir une bourse au lieu de payer des frais. M. Barungi a postulé et a été choisi par Hotel Southern Sun, une grande chaîne hôtelière.

Sa vie en a été complètement changée.

Une fois l’apprentissage terminé, l’hôtel l’a embauché comme chef. Il est maintenant devenu une célébrité et un modèle pour les jeunes et il rêve d’ouvrir sa propre école de chefs.

M. Barungi n’est pas un cas isolé. Chacun des étudiants de ce programme pilote a trouvé un emploi – dans un pays où le chômage des jeunes est élevé.

C’était il y a quatre ans. Depuis lors, le programme a pris de l’ampleur, s’étendant à d’autres régions du pays. Nous avons prévu de lancer des programmes d’apprentissage dans la construction, la maroquinerie et la confection en Tanzanie.

La Journée mondiale des compétences des jeunes, le 15 juillet, nous rappelle qu’avec des marchés du travail qui évoluent très vite, il devient de plus en plus important que les jeunes actualisent régulièrement leurs compétences. Les systèmes traditionnels de formation et d’enseignement professionnels en institution ne peuvent plus fournir aux apprenants les toutes dernières connaissances et compétences que recherchent les employeurs. L’apprentissage devient d’autant plus important qu’il a la capacité d’ouvrir des perspectives aux jeunes comme aux adultes.


Tous les apprentis du programme pilote de l’OIT disent qu’ils recommanderaient sans hésitation aux jeunes de suivre un apprentissage. Quand je leur ai demandé pourquoi, ils m’ont dit qu’un apprentissage de qualité leur avait permis de:

• Apprendre en faisant, sur un véritable lieu de travail doté d’équipements récents;
• Gagner sa vie tout en apprenant;
• Recevoir une formation de grande qualité;
• Avoir un contrat protégeant leurs droits d’apprenti;
• Acquérir un meilleur niveau de qualification;
• Et obtenir un emploi décent à l’issue de la formation.

Même si les avantages de l’apprentissage sont bien connus, de nombreux pays ne disposent toujours pas de programmes d’apprentissage bien établis à grande échelle. Les tentatives faites pour exporter et dupliquer les systèmes d’apprentissage d’un pays à l’autre ont été des échecs. C’est pourquoi les gouvernements et les partenaires sociaux sont de plus en plus à la recherche de conseils pour la mise en place ou le renforcement d’un système d’apprentissage de qualité. Pour répondre efficacement à leur demande, les initiatives de l’OIT sont axées sur une recherche de pointe, le développement d’approches et de produits de connaissance innovants et sur le renforcement des capacités des mandants. Cela a abouti à l’élaboration des «Outils de l’OIT pour des apprentissages de qualité» (“ILO Toolkit for Quality Apprenticeships”) qui recommandent d’associer les six composantes suivantes pour bâtir un bon système d’apprentissage:

• Un dialogue social constructif,
• Un cadre réglementaire solide,
• Des rôles et des responsabilités clairement définis,
• Des accords de financement équitables,
• Une forte adéquation au marché du travail,
• L’inclusion.

La promotion d’apprentissages de qualité est une priorité absolue pour l’OIT parce qu’ils permettent aux jeunes d’accéder à des emplois décents et qu’ils aident les entreprises à trouver la main-d’œuvre dont ils ont besoin pour l’avenir. Pour M. Barungi et beaucoup d’autres comme lui, ils ont été une passerelle vers une vie meilleure.

Par Ashwani Aggarwal, Chef d’équipe (Formation en entreprise, apprentissage et validation des acquis de l’expérience)