Travail des enfants et travail forcé

L’Ouzbékistan a mis fin au recours systématique au travail des enfants et a pris des mesures pour éradiquer le travail forcé

Une équipe de l’OIT surveillant la récolte de coton en Ouzbékistan a constaté que le travail des enfants n’était plus utilisé de manière systématique et que des mesures avaient été prises pour mettre fin au travail forcé. Ces conclusions ont été discutées lors d’une table ronde à Tachkent.

Actualité | 12 décembre 2017
© Peretz Partensky
GENÈVE (OIT Infos) – En Ouzbékistan, des contrôleurs de l’Organisation internationale du Travail (OIT) ont constaté que le recours systématique au travail des enfants pour la récolte du coton avait pris fin au cours des toutes dernières années et que des mesures concrètes étaient mises en œuvre pour mettre un terme définitif au travail forcé.

Ces conclusions ont été discutées lors d’une table ronde à Tachkent le 30 novembre 2017. La table ronde réunissait des membres du Conseil national de coordination sur le travail des enfants et le travail forcé, y compris des représentants du gouvernement, des employeurs et des syndicats d’Ouzbékistan, et des partenaires au développement, des représentants diplomatiques, des représentants de l’OIT et de la Banque mondiale. Les résultats seront officiellement présentés dans un rapport à la Banque mondiale et publiés début 2018.

Les signes de changement les plus convaincants ont été donnés par le Président ouzbek, Shavkat Mirziyoyev, dans son allocution à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre et par les mesures ultérieures prises au niveau national pour appliquer une politique de recrutement de volontaires pour la récolte de coton. L’Ouzbékistan a également promis de collaborer avec des groupes indépendants issus de la société civile lors de la IVe Conférence mondiale sur l’élimination durable du travail des enfants, qui s’est tenue en Argentine du 14 au 16 novembre 2017; des réunions avec des militants de la société civile avaient d’ores et déjà eu lieu avant la table ronde.

Pendant la récolte, les experts de l’OIT ont réalisé 3 000 entretiens non accompagnés dans toutes les provinces du pays, avec des ramasseurs de coton et d’autres personnes impliquées dans la récolte. Etaient concernés les autorités locales, ainsi que du personnel éducatif et médical. En outre, un sondage téléphonique aléatoire a été réalisé auprès de 1 000 personnes. Avant la récolte, les experts de l’OIT ont organisé une formation pour quelque 6 300 personnes directement impliquées dans le recrutement des ramasseurs de coton.

Les résultats confirment qu’il y a une forte prise de conscience du caractère inacceptable du travail des enfants et du travail forcé. Il n’y a pas de recours systématique au travail des enfants et des instructions ont été données et des mesures prises pour garantir que l’intégralité du recrutement des ramasseurs de coton s’opère sur la base du volontariat. Certains groupes à risque (étudiants, personnel éducatif et médical) ont été retirés de la récolte à un stade précoce.

La situation qui est apparue aux contrôleurs est celle d’une intensification des efforts pour assurer un recrutement volontaire. Le suivi et l’évaluation confirment que la grande majorité des ramasseurs de coton se sont engagés volontairement dans la récolte annuelle. Ils ont perçu des salaires qui ont été augmentés cette année, conformément aux recommandations de l’OIT et de la Banque mondiale. De plus, la productivité était comparable aux précédentes récoltes.

Certains des problèmes observés au niveau local montrent qu’il convient d’amplifier la sensibilisation et de renforcer les capacités qui varient quelque peu selon les provinces et les districts. Tous les acteurs participant au recrutement devraient disposer des informations et des outils nécessaires pour s’assurer que les ramasseurs de coton sont embauchés dans le respect des normes internationales du travail.

L’interdiction de tout recrutement forcé d’étudiants ou de personnel éducatif et médical semble bien connue. Parmi les difficultés observées à l’échelon local, la pratique consistant à exiger divers frais pour les ramasseurs de remplacement n’a pas encore été éliminée. Dans un futur immédiat, il importe de s’assurer qu’aucun recruteur ne se verra réclamer de tels frais, et que personne ne se sentira obligé de s’en acquitter.

Le Mécanisme de communication des informations commence à être mieux connu et utilisé et un certain nombre de cas qui lui avaient été signalés ont été résolus. Ce mécanisme doit absolument être renforcé pour qu’il soit accessible et puisse réagir en temps voulu aux différents problèmes soulevés, qu’il s’agisse de difficultés immédiates ou de violations spécifiques exigeant un suivi institutionnel et judiciaire.

La récolte de coton de 2017 a eu lieu dans un contexte de dialogue et de transparence accrus. Toutes les catégories de la société civile y ont été associées, y compris les voix critiques de militants. C’est un signe encourageant pour l’avenir. Cet échange d’informations entre tous les acteurs crée une base solide pour des politiques d’emploi et de marché du travail, non seulement dans l’agriculture mais dans l’ensemble de l’économie.