Amérique latine et Caraïbes

Les cheffes d’entreprise sont plus nombreuses mais il reste encore des progrès à faire au sommet

La région est sur le point de devenir un leader mondial de la mixité aux postes de gestion, selon un nouveau rapport de l'OIT.

Actualité | 23 mai 2017
© Eric Audras / PhotoAlto
LIMA (OIT Infos) – En Amérique latine et dans les Caraïbes où seuls 4,2 pour cent des PDG sont des femmes, les femmes ont fait et font toujours des progrès considérables pour occuper des postes de direction et d’encadrement et sont de plus en plus les moteurs de la croissance économique, selon un nouveau rapport de l’OIT.

Le rapport (en anglais) intitulé «Femmes d’affaires et femmes cadres: une montée en puissance en Amérique latine et dans les Caraïbes», préparé par le Bureau des activités pour les employeurs (ACT/EMP ) de l’Organisation internationale du Travail (OIT), sera présenté lors d’une conférence régionale qui doit se tenir aujourd’hui. Cette conférence d’une journée rassemblera des dirigeants d’entreprise et des représentants des organisations d’employeurs de l’ensemble de la région pour discuter des progrès réalisés et des obstacles à la progression des femmes sur les lieux de travail, surtout dans les hautes sphères de direction.

Avec un nombre croissant de professionnelles qualifiées, l’Amérique latine et les Caraïbes vont devenir des leaders mondiaux de la mixité hommes-femmes dans le commerce et la gestion. Le taux d’activité des femmes dans la région a augmenté, passant de 48,5 en 2006 à 49,7 pour cent en 2016 – et tranche nettement avec le déclin du taux mondial durant la même période. Le rapport prouve ainsi clairement que davantage de femmes dans la région ont réussi à se frayer un chemin dans le monde du travail.

Le rapport montre aussi que le nombre de femmes diplômées de l’enseignement supérieur dépasse celui des hommes dans tous les pays de la région pour lesquels nous disposons de données. Actuellement, beaucoup plus de femmes occupent des postes de cadres intermédiaires et supérieurs.

Nous devons créer des emplois et des conditions propices pour que les femmes réussissent et pour maintenir l’élan créé dans la région.»

Deborah France-Massin, Directrice d’ACT/EMP
Dans la plupart des pays de la région, plus de 30 pour cent des dirigeants sont des femmes et dans 19 pays elles représentent 40 pour cent voire plus des dirigeants, à égalité avec la plupart des nations développées d’Europe et d’Amérique du Nord. Avec 59 pour cent de l’ensemble des dirigeants qui sont des femmes, la Jamaïque affiche la plus forte proportion de femmes dirigeantes, non seulement de la région mais du monde – suivie par le Belize, les Îles Caïman et la Colombie avec 50 pour cent ou plus.

Pourtant, les femmes sont encore nettement absentes des hautes sphères de direction. Les données et les recherches les plus récentes figurant dans ce rapport indiquent que la région a du retard par rapport aux autres quant à la proportion de femmes PDG ou membres de conseil d’administration.

Parmi les 1 259 sociétés recensées en Amérique latine et dans les Caraïbes, les femmes représentent seulement 4,2 pour cent des PDG. Qui plus est, près de la moitié des conseils d’administration de la région sont entièrement masculins et, en moyenne, seuls 8,5 pour cent des membres de conseil d’administration sont des femmes.

«Les arguments en faveur de la présence des femmes sont plus forts que jamais. La mixité à tous les niveaux de direction et de gestion offre un avantage concurrentiel. En Amérique latine et dans les Caraïbes, les entreprises ont des fait des progrès considérables mais nous devons être plus attentifs au niveau de l’encadrement où nous savons que les progrès sont encore lents», déclare la Directrice d’ACT/EMP, Deborah France-Massin. «Nous devons créer des emplois et des conditions propices pour que les femmes réussissent et pour maintenir l’élan créé dans la région.»

La Conférence, organisée par l’OIT-ACT/EMP avec la Confédération nationale des entreprises privées (CONFIEP), s’inscrit dans le cadre d’efforts plus larges visant à accélérer les progrès en matière d’égalité hommes-femmes dans la région. La conférence sera prolongée par un atelier avec des représentants des organisations d’employeurs afin de promouvoir davantage la mixité parmi leurs adhérents nationaux.

Les rôles sociétaux sexo-spécifiques traditionnels et les responsabilités familiales grandissantes des femmes comptent parmi les principaux obstacles à la presence des femmes aux postes de direction. L’un des indicateurs en est le nombre d’heures consacrées au travail non rémunéré.

Dans dix pays d’Amérique latine, les femmes consacrent en moyenne entre 1,7 et 3,5 fois plus d’heures au travail non rémunéré que les hommes chaque semaine – en d’autres termes, le double voire plus du triple du temps que consacrent les hommes à ce type de travaux, selon le rapport.

De plus, les écarts salariaux entre hommes et femmes perdurent dans la région. Si ces écarts sont compris dans la fourchette mondiale de 0 à 45 pour cent, le creusement des écarts au niveau de l’encadrement est préoccupant. C’est un frein considérable qui empêche des femmes talentueuses d’accéder à de hauts postes de direction et de s’y épanouir.

Le plafond de verre est toujours présent en Amérique latine et dans les Caraïbes. Cependant, le rapport souligne que, dans la région, plus de femmes accèdent à des fonctions de direction comme la recherche et le développement produit, la gestion générale et des opérations, plutôt que de suivre la tendance mondiale qui les cantonne à des fonctions d’appui comme les ressources humaines, les relations publiques et la communication.

La région montre donc clairement des signes de progrès et laisse espérer que le plafond de verre pourra être prochainement franchi.

«Avec cette montée en puissance sur le plan économique, politique et social, le moment est venu de nous assurer que nous agissons pour supprimer les obstacles et utiliser toutes les forces que recèle l’ensemble du réservoir de talents. Des conférences comme celle-là nous offrent une excellente occasion de réfléchir aux progrès accomplis et d’élaborer une feuille de route pour l’avenir», conclut José Manuel Salazar-Xirinachs, Sous-Directeur général et Directeur régional de l’OIT pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

Pour de plus amples renseignements, veuillez contacter:

Andrés Yurén
Spécialiste principal des employeurs
Bureau régional de l’OIT pour l’Amérique latine et les Caraïbes
Tél.: +511/615-0360

Jae-Hee Chang
Administrateur principal Programme et opérations
Bureau des activités pour les employeurs (ACT/EMP)
Tél.: +4122/799-7914

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