Le travail des enfants a doublé en Jordanie depuis 2007 – Enquête

L’enquête nationale sur le travail des enfants en Jordanie 2016 a constaté que le travail des enfants demeurait un sujet de préoccupation grave, avec un nombre élevé d’enfants employés à des tâches potentiellement dangereuses.

Actualité | 16 août 2016
Amman, Jordanie (OIT Info) – En Jordanie, le nombre d’enfants travailleurs a quasiment doublé depuis 2007, pour dépasser les 69 000 dont environ 44 000 engagés dans des travaux dangereux, selon la nouvelle Enquête nationale sur le travail des enfants publiée mardi 16 août.

L’OIT, qui a appuyé la mise en œuvre de cette enquête, a fait part de sa profonde préoccupation quant à la hausse du nombre d’enfants âgés de 5 à 17 ans qui se sont vus contraints de travailler, souvent dans des conditions potentiellement dangereuses.

L’OIT espère que l’ensemble des acteurs utiliseront les données de l’enquête pour combattre plus efficacement le problème.

«Nous sommes inquiets de constater cette augmentation du travail des enfants en Jordanie», a déclaré Insaf Nizam, Conseiller technique en chef de l’OIT pour le projet «Moving towards a Child Labour Free Jordan» (Vers un Jordanie sans travail des enfants). «Mais nous reconnaissons aussi les efforts consentis par tous les acteurs qui ont obtenu des résultats positifs en maîtrisant le pourcentage de travail des enfants en dépit d’une conjoncture socio-économique difficile».

Un rapport de synthèse présentant les principaux résultats de l’enquête a été dévoilé à Amman lors d’une réunion sous l’égide du ministre du Travail, Ali Ghazawi.

Cette enquête est la première du genre menée depuis 2007. Elle a été conduite par le Centre d’études stratégiques de l’Université de Jordanie, en collaboration avec le département des statistiques du ministère du Travail, et avec le projet «Moving towards a Child Labour Free Jordan» de l’OIT qui est financé par le ministère du Travail des Etats-Unis.

Ses conclusions s’appuient sur un échantillon de plus de 20 000 ménages répartis sur l’ensemble du territoire, permettant de produire des estimations ventilées des 12 provinces, y compris le camp de Zaatari, le plus grand camp de réfugiés syriens en Jordanie.

L’enquête a constaté que la plupart des enfants travaillaient dans les secteurs du commerce et de la vente au détail, ainsi que dans l’agriculture, la sylviculture et la pêche. En moyenne, la majorité des enfants travaillait 33 heures par semaine.

L’enquête, qui ne mesurait que les travaux dangereux relevant des pires formes de travail des enfants, a observé que les enfants étaient exposés à de multiples dangers, tels que des poussières et émanations, ainsi qu’à des abus physiques et psychologiques.

Ces dernières années, la Jordanie a pris d’importantes mesures pour renforcer ses réponses politiques au travail des enfants. En 2011, le Conseil des ministres a approuvé le Cadre national de lutte contre le travail des enfants (CNLTE), dont la mise en œuvre est soutenue par l’OIT. Le CNLTE a pour but d’intégrer les initiatives de lutte contre le travail des enfants prises par les ministères du Travail, de l’Education, et du Développement social, afin de s’attaquer efficacement à l’identification et à l’orientation des enfants qui travaillent à travers le pays.

«L’enquête montre qu’on doit mettre davantage l’accent sur la mise en œuvre des cadres politiques afin d’obtenir une réduction significative du travail des enfants dans le Royaume», a déclaré M. Nizam.

Des enfants travailleurs parmi les réfugiés syriens


L’enquête montre que les enfants réfugiés de Syrie ont le plus faible taux de scolarisation et que leur rémunération est inférieure à celle des enfants jordaniens qui travaillent, ce qui indique qu’ils sont plus vulnérables à l’exploitation.

Elle a constaté que le ratio travailleur-population est le plus fort parmi les enfants syriens s’élevant à 3,22 pour cent, suivi par d’autres nationalités à 1,98 pour cent et les Jordaniens à 1,75 pour cent.

«Ce ratio élevé travailleur-population parmi les enfants syriens et le fait que plus de 60 pour cent des enfants syriens âgés de 15 à 17 ans soient déscolarisés sont des indications de leur fort degré de vulnérabilité. Cela exige d’accentuer nos efforts et de mieux les cibler pour traiter le problème», a ajouté M. NIzam.

L’enquête évalue le nombre de réfugiés syriens en Jordanie à 797 081. Selon les chiffres du gouvernement, toutefois, leur nombre serait de 1,3 million, tandis que le nombre de réfugiés officiellement enregistrés atteint 657 203. Leur présence dans les communautés d’accueil a un impact sur l’économie et le marché du travail, y compris sur la hausse du nombre d’enfants qui travaillent.

L’enquête en chiffres:

Population d’enfants âgés de 5 à 17 ans: 4 030 384
Enfants qui travaillent: 75 982
Enfants travailleurs: 69 661
Enfants travailleurs employés dans des travaux dangereux: 44 917
Enfants âgés de 15 à 17 ans employés dans des travaux dangereux: plus de 71 pour cent
Enfants âgés de 12 à 14 ans employés dans des travaux dangereux: 20 pour cent
Enfants jordaniens âgés de 5 à 17 ans scolarisés: 95 pour cent
Enfants syriens âgés de 5 à 17 ans scolarisés: 72,5 pour cent
Secteurs d’activité qui emploient des enfants:
Agriculture, sylviculture et pêche (27 pour cent), commerce et vente au détail (29 pour cent).

Un résumé du rapport présentant les principales conclusions est désormais disponible en ligne. Le rapport intégral de l’enquête nationale sur le travail des enfants en Jordanie 2016, qui comprend une présentation plus détaillée des conclusions et des estimations de l’enquête, les données techniques et le questionnaire, sera diffusé en septembre 2016 par le Centre d’études stratégiques de l’Universté de Jordanie et l’OIT. Pour plus d'information veuillez contacter Salwa Kanaana (kanaana@ilo.org)