Réunion des ministres du Travail et de l’Emploi du G20

Le Directeur général de l’OIT: «Une croissance anémique affaiblit les perspectives d’emploi et de salaires»

Dans une communication adressée aux ministres du Travail et de l’Emploi des pays du G20 réunis en Chine, Guy Ryder, Directeur général de l’OIT, s’est inquiété du risque de voir s’installer dans la durée les mauvaises perspectives de croissance économique.

Actualité | 12 juillet 2016
BEIJING, Chine (OIT Info) – «Tous les pays du G20 se heurtent à des difficultés pour donner suite aux aspirations d’une grande partie de leur population active, notamment les jeunes», a déclaré le Directeur général de l’OIT à la réunion des ministres du Travail et de l’Emploi du G20, qui s’est tenue à Beijing.

Dans une communication adressée aux ministres du Travail, Guy Ryder a attiré l’attention sur le fait qu’«une croissance faible qui s’inscrit dans la durée, les inégalités de revenus et l’insécurité du marché du travail pèsent sur la demande globale mondiale et pourraient créer un cercle vicieux autogène de perspectives de croissance du marché revues à la baisse, de faibles investissements, de croissance anémique et de redressement insuffisant du marché de l’emploi».

Guy Ryder a signalé que la croissance du PIB mondial avait atteint 3,8 pour cent par an en moyenne durant la période de reprise après la crise de 2008, chiffre inférieur à la tendance observée au cours des années ayant précédé la crise. En 2015, la croissance a atteint 3,1 pour cent, et aucune amélioration n’est attendue pour 2016 et 2017.

Le Directeur général a déclaré qu’il existe une large convergence de vues sur la compréhension des enjeux auxquels doivent faire face les économies mondiales et les pays du G20, parmi lesquels il a cité l’évolution démographique, les changements technologiques, la poursuite de la mondialisation et l’intensification de la concurrence, l’inadéquation de l’offre et de la demande, la pauvreté persistante et le creusement des inégalités. Malgré cette prise de conscience et les réponses politiques apportées, «les craintes quant au risque d’engrenage d’une croissance anémique sont de plus en plus vives», a-t-il ajouté.

Selon Guy Ryder, la hausse importante du nombre de jeunes sans emploi qui ne sont ni scolarisés ni en formation s’inverse toutefois, à quelques exceptions près, dans la majorité des pays du G20. Il indique que les taux vont d’environ 30 pour cent, voire plus, dans des pays comme l’Afrique du Sud, l’Inde et la Turquie ‒ d’autres pays comme l’Allemagne et le Japon ayant pour leur part réussi à ramener ces taux à moins de 10 pour cent.

Bien que la plupart des économies émergentes connaissent une baisse à long terme de l’incidence du travail informel parmi les jeunes, on constate des signes de stagnation (en Indonésie), voire d’inversion de cette tendance (en Afrique du Sud, en Argentine et au Brésil). L’ampleur du phénomène demeure considérable dans presque toutes les économies émergentes, avec un peu plus d’un tiers de jeunes occupant un emploi informel en Afrique du Sud, jusqu’à plus de 60 pour cent au Mexique, et encore davantage en Inde.

Guy Ryder a félicité les nombreux pays qui ont mis en place des systèmes d’éducation, de formation et de soutien pour les jeunes, de même que ceux qui s’efforcent d’améliorer les possibilités d’emploi.

Constatant que de nombreux pays ont adopté de nouvelles mesures pour promouvoir l’égalité entre les sexes, notamment en allégeant les responsabilités familiales incombant aux femmes qui travaillent et en encourageant l’entrepreneuriat féminin, Guy Ryder a déclaré aux ministres qu’il reste encore beaucoup à faire pour atteindre l’objectif du G20 de réduire de 25 pour cent l’écart entre hommes et femmes en termes de participation d’ici 2025.

Des progrès ont également été accomplis en ce qui concerne la simplification et la clarification de la législation et de la réglementation sur la sécurité et la santé au travail dans de nombreux pays, en général grâce à l’accent mis délibérément sur l’amélioration des résultats en matière de sécurité et de santé au travail obtenus par les petites et moyennes entreprises (PME).

Guy Ryder a constaté que les pays mettent en œuvre tout un éventail de stratégies, en particulier des mesures visant à accroître les taux de participation au marché du travail et des politiques actives du marché du travail: développement des compétences, marché du travail plus efficace et plus inclusif, accélération de la transition de l’emploi informel à l’emploi formel, amélioration de la qualité de l’emploi, et priorité accordée à la productivité et à la compétitivité des PME.

Il a souligné qu’une croissance bénéfique pour tous contribuerait également à soutenir la reprise du rythme de croissance. Il est donc particulièrement important d’adopter des mesures destinées à lutter contre la pauvreté au travail, à mettre un terme à la discrimination, à réduire les écarts en termes de salaires et de conditions de travail, et à renforcer la participation des groupes sous-représentés.

Le Directeur général de l’OIT a en outre salué la priorité accordée par les ministres du Travail à un ensemble équilibré de recommandations formulées à l’intention des dirigeants du G20, qui visent à faire face à la fois aux préoccupations immédiates résultant d’une croissance économique et d’une progression de l’emploi trop lentes et aux enjeux structurels à moyen et long termes.

Précédemment, Ryder avait salué l'engagement des ministres en faveur "du dialogue social dans l’élaboration et la mise en œuvre de bonnes politiques". Cela a été démontré dans le processus du G20 lui-même grâce à la participation de représentants des organisations d'employeurs et de syndicats (B20 et L20), ainsi que de certains groupes de la société civile lors d’une réunion avec les ministres.