L'emploi en Amérique latine

Augmentation du chômage en Amérique latine et dans les Caraïbes en 2016

L’évolution des marchés du travail dans la région sera analysée lors de la trente-sixième session de la CEPAL qui doit se dérouler à Mexico ce mois-ci.

Actualité | 11 mai 2016
© R. Golinelli / Bioversity International
SANTIAGO DE CHILE – L’évolution des marchés du travail en Amérique latine et dans les Caraïbes courant 2016 sera généralement négative en raison des prévisions d’une conjoncture macroéconomique et d’une croissance plus dégradées que l’an passé et de l’affaiblissement de certains indicateurs d’emploi, ont déclaré la CEPAL et l’Organisation internationale du Travail (OIT) dans un rapport conjoint publié aujourd’hui.


Les organismes des Nations Unies révèlent dans une nouvelle édition de La situation de l’emploi en Amérique latine et dans les Caraïbes que ces facteurs, en particulier le faible dynamisme de la création d’emplois, vont probablement aboutir à une hausse du chômage urbain de plus d’un demi point (0,5) de pourcentage en 2016 par rapport à 2015.

«Le processus de progrès continu des indicateurs du travail dont a bénéficié la région pendant une grande partie des 15 dernières années est freiné par un contexte macroéconomique mondial plus défavorable», ont déclaré Alicia Barcena, Secrétaire générale de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), et José Manuel Salazar, Directeur régional de l’OIT pour l’Amérique latine et les Caraïbes dans la préface du document.

«Cela souligne l’importance de prendre des mesures non seulement pour atténuer les effets de la crise à court terme mais aussi pour combler les carences et les retards à plus long terme, notamment la faible diversification de la production, les écarts de productivité, une forte informalité et les inégalités», ont-ils ajouté.

Le Directeur régional de l’OIT sera l’un des invités spéciaux à la trente-sixième session de la CEPAL qui se tiendra à Mexico du 23 au 27 mai. Au cours de l’événement, M. Salazar fera une présentation lors d’une table ronde sur la dimension régionale du suivi du Programme de développement durable pour 2030, qui englobe une série d’objectifs liés à une croissance partagée et au travail décent.

Le rapport donne un aperçu des performances des marchés du travail en Amérique latine et dans les Caraïbes en 2015. Il indique que cette année, surtout du fait d’une légère contraction du Produit intérieur brut (PIB) de la région, le taux moyen de chômage a enregistré sa première hausse depuis 2009, passant de 6,0 pour cent en 2014 à 6,5 pour cent en 2015.

Cette hausse résulte du plus grand nombre de demandeurs d’emplois qui arrivent sur le marché du travail par rapport aux années précédentes et qui ne trouvent pas suffisamment de postes de travail. C’est la conséquence de la faible création d’emplois salariés qui illustre le manque de dynamisme de l’activité économique, a ajouté l’étude.

Un plus grand nombre de travailleurs indépendants

En outre, au niveau régional, la qualité des emplois s’est détériorée parce que, pour répondre à la pénurie de postes salariés, l’emploi indépendant, généralement de qualité médiocre, s’est étendu.

Selon le document, la faiblesse de la création d’emplois en 2015 s’est manifestée par une troisième année consécutive de recul du taux d’emploi (de 0,4 point de pourcentage), ce qui s’est traduit par une réduction du nombre de personnes touchant un revenu salarial par ménage. Cette baisse des revenus a joué un important rôle dans l’augmentation de la pauvreté, estimée pour 2015 à 29,2 pour cent des habitants de la région selon les dernières projections de la CEPAL.

Néanmoins, la CEPAL et l’OIT soulignent que la détérioration des indicateurs d’emploi et de chômage n’est pas un phénomène généralisé dans la région.

En 2015, le taux de chômage a augmenté dans seulement sept des 19 pays d’Amérique latine et des Caraïbes, tandis qu’il diminuait dans neuf autres pays et qu’il restait stable dans les trois derniers. En général, dans les pays d’Amérique centrale, au Mexique, en République dominicaine, et dans les nations caribéennes, l’évolution du marché du travail a été plus favorable qu’en Amérique du Sud dont les performances furent affectées par l’impact du contexte extérieur sur son activité économique et l’inflation, entre autres facteurs.

L’édition actuelle de La situation de l’emploi analyse aussi les tendances dans les zones rurales des pays de la région entre 2005 et 2014, dans le but de vérifier si les progrès constatés pour cette période sur les marchés du travail dans leur ensemble ont été également enregistrés dans ces régions et si les écarts avec les zones urbaines ont diminué.

Les données disponibles montrent que les zones rurales ont effectivement bénéficié des progrès des indicateurs d’emploi relatifs à la quantité et à la qualité dans l’ensemble de la région. Néanmoins, les disparités entre villes et campagnes ne se résorbent pas.

Sur ce sujet, le rapport conclut que pour progresser vers la réduction du déficit d’emplois décents en zone rurale, il est indispensable de moderniser et de diversifier la production, tout en améliorant la productivité dans le secteur agricole. En outre, le rapport recommande de renforcer les institutions du travail pour contribuer à la formalisation de l’emploi rural, améliorer la protection sociale, mieux respecter le salaire minimum et les autres normes du travail, ainsi que pour réduire les obstacles à l’insertion professionnelle des femmes et des jeunes originaires des régions rurales.