Réduire les inégalités

OIT: Les travailleurs domestiques doivent avoir droit au repos

Une publication de l’OIT rappelle que les travailleurs domestiques devraient bénéficier du même droit au repos que les autres travailleurs.

Analyse | 4 avril 2016
© UN Women/Pornvit Visitoran
GENÈVE (OIT Info) – Plus de la moitié des travailleurs domestiques dans le monde n’ont toujours aucun droit légal à des limites hebdomadaires de leur durée du travail. C’est pourquoi l’Organisation internationale du Travail (OIT) plaide maintenant en faveur d’un droit à un repos suffisant pour les travailleurs domestiques.


Une note d’information de l’OIT montre la sombre réalité à laquelle sont confrontés de nombreux travailleuses et travailleurs domestiques à travers le monde, en ce qui concerne le temps passé à travailler. Elle s’intéresse particulièrement aux conditions difficiles subies par les travailleurs domestiques logés chez l’employeur qui, dans certains pays, effectuent plus de 60 heures par semaine sans qu’aucune législation ne réglemente leur droit à un repos suffisant.

Les spécialistes de l’OIT soulignent les effets néfastes d’une durée du travail excessive pour la santé des travailleurs domestiques, avec peu ou pas de repos, parfois associée à un sommeil insuffisant ou interrompu. Ils relèvent que la recherche montre les risques accrus de diabète de type 2, de maladies cardiaques et de dépression, pour n’en mentionner que quelques-uns.

Ils soulignent que la fatigue physique et psychique résultant d’horaires de travail excessifs n’affecte pas seulement l’aptitude de travailleurs à accomplir leurs tâches mais elle peut aussi augmenter les risques d’accidents du travail.

«Les travailleurs domestiques effectuent de longues heures de travail, ce qui rend difficile le maintien d’un bon équilibre entre travail et vie familiale», constatent les auteurs de la note d’information.

Disponibles 24 heures sur 24

La publication de l’OIT fait la lumière sur les situations difficiles rencontrées par les travailleurs domestiques logés chez l’employeur qui sont souvent d’astreinte 24 heures sur 24 pour répondre aux divers besoins de leurs employeurs.

«Les travailleurs domestiques logés chez leur employeur n’ont même pas la garantie d’une nuit de repos sans interruption, en particulier celles et ceux qui ont en charge des enfants, des personnes âgées, des malades ou des personnes handicapées, dont le sommeil est souvent interrompu pour apporter des soins imprévus en plus de leurs tâches quotidiennes», peut-on lire dans la note d’information.

«Les travailleurs domestiques sont l’exemple flagrant d’une catégorie de travailleurs qui est toujours privée de ce droit humain essentiel qu’est le droit au repos», explique Philippe Mercadent, Chef du service des marchés du travail inclusifs, des relations professionnelles et des conditions de travail à l’OIT.

«Il peut être compliqué de réglementer le temps de travail pour les travailleurs domestiques car leur lieu de travail se trouve souvent au domicile d’un particulier. La convention (n° 189) concernant les travailleuses et les travailleurs domestiques, 2011 constitue donc une avancée majeure pour améliorer les droits des travailleurs domestiques», ajoute-t-il.

Respecter la «règle des 11/24»

En vertu de la convention n° 189, les travailleurs domestiques doivent bénéficier de l’égalité de traitement avec les autres travailleurs en ce qui concerne la durée du travail, y compris le droit au repos. Un minimum de 24 heures consécutives de repos hebdomadaire doit leur être garanti.

L’orientation donnée par la directive de l’UE sur la durée du travail qui fixe une norme minimum de 11 heures de repos consécutives par jour pourrait servir de base de progrès. L’introduction de cette «règle des 11/24» au niveau national pourrait être une première étape en faveur d’une protection réelle du droit des travailleurs domestiques au repos.

La publication de l’OIT comprend une infographie et donne d’autres exemples de bonnes pratiques. Au Chili par exemple, les travailleurs domestiques hébergés chez leur employeur ont dorénavant droit à 12 heures de repos quotidien, dont neuf heures consécutives, et le samedi et le dimanche sont libres. Pour les travailleurs domestiques vivant hors du domicile de leur employeur, la durée du travail est limitée à 45 heures par semaine, avec un maximum de 6 journées de travail par semaine.

L’OIT mène actuellement des recherches sur les bonnes pratiques au niveau national. Cela devrait aboutir à la publication d’un document d’orientation avec des pistes concrètes pour protéger efficacement le droit au repos des travailleurs domestiques.


Améliorer les législations et les pratiques nationales relatives au travail domestique

En vue d’améliorer les lois et pratiques nationales en matière de travail domestique, l’OIT a adopté en 2011 la convention (n° 189) sur les travailleuses et travailleurs domestiques et la recommandation (n° 201) sur les travailleuses et travailleurs domestiques.

Ce sont les deux instruments les plus importants en termes de principes fondamentaux et de normes minimales du travail pour le secteur.

En avril 2016, la convention n° 189 de l’OIT avait été ratifiée par 22 pays.