Femmes d'affaires

OIT: Les femmes représentent un potentiel économique inexploité pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord

Une nouvelle étude de l’OIT présente des solutions pratiques pour que la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (ANMO), qui a la plus faible présence de femmes aux postes de responsabilité et de direction au monde, puisse capitaliser sur le potentiel que les femmes représentent pour le développement économique de la région.

Actualité | 1 février 2016
MASCATE (OIT Info) – Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les femmes ont progressé dans l’économie, à l’instar des tendances mondiales, et se sont hissées à des postes de plus haut niveau dans la gestion des affaires. Mais leur potentiel demeure sous-utilisé, ce qui se traduit par d’importantes occasions manquées pour le développement économique de la région, comme le démontre un nouveau rapport de l’OIT.

Le rapport, Femmes d’affaires et femmes cadres – Une montée en puissance au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, (Women in business and management – Gaining Momentum in the Middle East and North Africa) propose des solutions pratiques aux entreprises pour recruter et maintenir des femmes qualifiées à des postes de direction dans la région ANMO, qui a la plus faible représentation pour les femmes dans les fonctions d’encadrement et de direction dans le monde.

«Il est de plus en plus établi et reconnu que l’équilibre entre les sexes et la diversité des équipes d’encadrement à tous les niveaux hiérarchiques sont bénéfiques pour les affaires», explique Deborah France-Massin, Directrice du Bureau des activités pour les employeurs de l’OIT.

«Pourtant, dans tous les contextes sociaux et culturels, des stéréotypes sexistes limitent la contribution économique des femmes et ses bienfaits. Ainsi, l’énorme vivier de talents que constituent les femmes avec leur niveau d’instruction toujours plus élevé demeure largement inexploité», poursuit Mme France-Massin.

Le rapport a été présenté lors d’une conférence à Mascate, dans le sultanat d’Oman, le 1er février. Il assure un suivi régional du rapport mondial de l’OIT, Femmes d’affaires et femmes cadres – Une montée en puissance, présenté en 2015. La Conférence était placée sous l’égide de la Chambre de commerce et d’industrie d’Oman et rassemblait des chefs d’entreprise et des représentants des organisations d’employeurs venus de toute la région et du monde entier.

Le nouveau rapport régional relève que les pays les mieux classés dans la région en termes de femmes occupant des fonctions d’encadrement et de direction – les Territoires palestiniens occupés et la Tunisie – affichaient une proportion de 15 pour cent de femmes législatrices, hauts-fonctionnaires et gestionnaires. A contrario, à l ‘échelle mondiale, plus de la moitié de pays pour lesquels nous disposons de données ont indiqué que les femmes représentaient plus de 30 pour cent de l’ensemble des dirigeants.

Quand on monte dans la hiérarchie, les femmes cadres représentent 23 pour cent de l’ensemble des cadres au Maroc, 17 pour cent aux Emirats Arabes Unis, 16 pour cent en Egypte et 7 pour cent au Qatar. Quant aux femmes PDG, la région ANMO déclare une proportion de 13 pour cent de femmes PDG, contre 21 pour cent pour l’ensemble des pays en développement.

Les femmes se font toujours rares au sein des CA

Les femmes présidentes de conseil d’administration constituent une minorité encore plus étroite dans l’ensemble des régions. Selon l’OIT, pas plus de 7 pour cent des sociétés étudiées avaient des femmes à la tête de leur conseil d’administration dans la région ANMO.

En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, les femmes sont confrontées aux mêmes obstacles que les autres femmes ailleurs dans le monde pour atteindre les sommets de la hiérarchie dans les affaires et l’encadrement, note le rapport. L’un des principaux défis à relever pour elles, c’est le double fardeau du travail et des responsabilités familiales. Une étude de 2015 conduite par la Pearl Initiative dans les pays du CCG indiquait que les femmes considéraient l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale comme le seul véritable obstacle à leurs perspectives de carrière.

Le rapport de l’OIT sur l’AFMO note encore que les stéréotypes culturels et la perception dévalorisée de soi-même entravent aussi l’évolution de carrière des femmes. De plus, la législation sexiste ainsi qu’un accès limité au financement et aux réseaux peuvent dissuader les femmes d’entrer sur le marché du travail, ou d’en sortir, et de faire carrière.

«La promotion des femmes est difficile car de multiples obstacles bloquent leur accès aux postes de direction dans les entreprises et les organisations», déclare Shauna Olney, Cheffe du service des questions de genre, de l’égalité et de la diversité de l’OIT.

«L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient ont la plus faible représentation mondiale des femmes aux postes d’encadrement et de direction et cette conférence est une occasion de chercher des solutions en vue de maximiser les contributions des femmes au travail», ajoute Mme Olney.

Bien qu’elles soient peu nombreuses parmi les employeurs, la représentation des femmes dans les chambres de commerce augmente, surtout depuis que nombre d’entre elles ont créé des comités d’entreprises de femmes (comme dans les pays du CCG, ainsi qu’en Egypte, en Irak, en Syrie et en Jordanie, dans les Territoires palestiniens occupés et au Yémen). Leur objectif est de soutenir les femmes entrepreneurs et de répondre à leurs besoins.

«Les sociétés peuvent jouer un grand rôle pour promouvoir la participation des femmes à la population active en mettant l’accent sur les gains qu’une telle participation apporterait à leurs entreprises et au développement économique et social», affirme Redha Bin Juma Al Saleh, Vice-président pour l’administration et les affaires financières à la Chambre du commerce et de l’industrie d’Oman qui accueillait la conférence.

«Pratiquer l’équité, bâtir des systèmes de gestion des ressources humaines qui tiennent compte de l’égalité hommes-femmes, créer des environnements favorables aux femmes dans le monde des affaires, établir des infrastructures sociales accueillantes et adopter des aménagements respectueux de l’équilibre travail-vie familiale aussi bien pour les femmes que pour les hommes, sont autant d’éléments cruciaux pour promouvoir avec succès la carrière des femmes», conclut M. Al Saleh.