Protocole à la convention sur le travail forcé

La ratification de la Norvège entérine le Protocole historique de l’OIT sur le travail forcé

Dans le cadre d’une mobilisation mondiale en faveur de l’éradication de l’esclavage moderne, la Norvège a ratifié le Protocole de 2014 relatif à la Convention de l’OIT sur le travail forcé de 1930.

Actualité | 18 novembre 2015
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GENÈVE (OIT Info) – La Norvège est devenu le deuxième pays, après le Niger, à ratifier le Protocole à la convention sur le travail forcé. Ce geste est considéré comme très important puisque les instruments contraignants de l’OIT prévoient généralement qu’un protocole adopté n’entre en vigueur que douze mois après avoir été ratifié par deux Etats Membres. Suite à la décision du gouvernement norvégien, le nouveau cadre de lutte contre le travail forcé et l’esclavage moderne entrera en vigueur le 9 novembre 2016.

«La ratification de la Norvège va aider des millions d’enfants, d’hommes et de femmes à reconquérir leur liberté et leur dignité. Elle constitue un signal fort pour inciter les autres Etats Membres à renouveler leur engagement de protéger les victimes du travail forcé où qu’elles soient», a déclaré Guy ryder, Directeur général de l’OIT.

En 2014, les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs à la Conférence internationale du Travail (CIT) ont voté massivement l’adoption d’un protocole et d’une recommandation qui complètent la convention (n° 29) sur le travail forcé, 1930.

Le protocole complète la convention sur le travail forcé (1930), en ajoutant de nouvelles mesures, notamment des dispositions en matière de prévention, de protection et d’accès à la justice, et en demandant aux employeurs publics et privés d’exercer leur «diligence raisonnable» pour bannir l’esclavage moderne dans leurs pratiques commerciales et leurs chaînes d’approvisionnement.

Commentant le rôle de son pays pour faire entrer en vigueur le protocole, l’ambassadeur de Norvège auprès des Nations Unies et d’autres organisations internationales, Steffen Kongstad, a déclaré: «Il est important pour tous les pays de reconnaître le problème de l’esclavage moderne et de se fixer pour priorité absolue son éradication une bonne fois pour toutes».

L’OIT estime que 21 millions de personnes sont victimes du travail forcé dans le monde, ce qui génère environ 150 milliards de dollars de gains illégaux chaque année. Ces victimes sont exploitées dans plusieurs secteurs: agriculture, pêche, travail domestique, construction, industrie, mines ou autres activités économiques. Les femmes et les filles en particulier font l’objet d’une exploitation sexuelle à des fins commerciales.

Une recherche de l’OIT montre que le travail forcé ne concerne pas seulement les économies en développement. Les profits tirés du travail forcé sont plus élevés dans les économies développées et l’Union européenne que partout ailleurs dans le monde.

En vue de promouvoir la ratification du Protocole, l’OIT a lancé une nouvelle campagne mondiale pour mettre fin à l’esclavage moderne, en partenariat avec l’Organisation internationale des Employeurs (OIE) et la Confédération syndicale internationale (CSI). La campagne 50 for Freedom a pour but de mobiliser le soutien de l’opinion publique et d’inciter au moins 50 pays à ratifier le Protocole de l’OIT sur le travail forcé d’ici à 2018.

La Norvège a également ratifié la convention (n° 183) sur la protection de la maternité, 2000 et la convention (n° 187) sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail, 2006.

Ce pays affiche un excellent bilan de soutien aux conventions de l’OIT. En 1932, la Norvège avait ratifié la convention sur le travail forcé de 1930 et en 1958 la convention (n° 105) sur l’abolition du travail forcé, 1957.