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Epidémie d’Ebola: Comment préserver la sécurité des travailleurs

L'infection de personnels sanitaires par le virus Ebola en Afrique de l'Ouest souligne les risques posés par les travailleurs qui entrent en contact avec la maladie. Dennis Zulu, Chef de programme au Bureau de l’OIT pour le Nigéria, la Gambie, le Ghana, le Libéria et la Sierra Leone met en évidence l'importance de fournir aux travailleurs les connaissances et les équipements afin de se protéger.

Editorial | 2 septembre 2014
Dennis Zulu, Chef de programme au Bureau de l’OIT pour le Nigéria, la Gambie, le Ghana, le Libéria et la Sierra Leone
Quand la nouvelle des premiers cas d’Ebola a commencé à filtrer de Guinée et de Sierra Leone fin 2013, elle n’a guère retenu l’attention des médias – même ici en Afrique de l’Ouest. Les villages affectés étaient si éloignés que la plupart des gens pensait que l’épidémie serait facile à contenir.

Comme je me rends fréquemment à Freetown (Sierra Leone), cette actualité m’a particulièrement intéressé. Le village de Kenema, maintenant considéré comme l’épicentre de l’épidémie, était jusque là le site d’un projet de développement de l’OIT.

Retour à août 2014: l’épidémie a maintenant atteint le Liberia, un pays où j’ai vécu et travaillé pendant près de deux ans, et le Nigéria où je suis actuellement basé.

Le nombre grandissant des décès dus au virus Ebola a semé la panique et la peur dans toute l’Afrique de l’Ouest. Tragiquement, beaucoup de ceux qui ont perdu la vie étaient du personnel médical placé en première ligne de l’intervention d’urgence. Leur perte a porté un grave coup aux systèmes de santé, tant au Liberia qu’en Sierra Leone, qui étaient déjà mal préparés à gérer une crise de cette ampleur.

Au fil des ans, l’OIT a mis au point tout un arsenal d’outils et d’instruments en matière de sécurité et de santé au travail qui peuvent être utilisés pour protéger les travailleurs contre la contamination par le virus Ebola au travail. Veuillez lire la note d’information conjointe OMS/OIT à ce sujet.

Si elles ont accès aux connaissances appropriées en provenance d’une source fiable, davantage de personnes pourront commencer à prendre les précautions nécessaires pour éviter de se contaminer."
Pire encore, au Liberia, de nombreux centres de santé ont dû fermer car leur personnel craignait d’être contaminé. Cette peur est compréhensible. Dans bien des cas, il n’a pas accès à l’équipement protecteur ni à la formation nécessaires pour traiter les patients d’Ebola en toute sécurité.

Dans l’ensemble de la région, nous voyons de plus en plus d’actions de sensibilisation à Ebola et sur les moyens de prévention, mais il reste beaucoup de fausses informations qui circulent. La population doit être mieux informée de ce qui se passe par des sources dignes de foi.

Dans le même temps, la vie continue. Les gens continuent d’aller au travail même dans une atmosphère générale d’inquiétude. La poignée de main et la bise traditionnelles ont laissé place à un vague geste de la main. Il est fréquent de voir des gens se frotter les mains avec une solution désinfectante.

Comme l’illustrent les centaines de soignants infectés, l’épidémie d’Ebola n’est pas seulement une urgence de santé publique – c’est une question de sécurité et santé au travail. Les médecins et les infirmières ne sont pas les seuls concernés. Le personnel d’entretien, les travailleurs qui gèrent les déchets, les techniciens de laboratoire et toute autre personne qui manipule les corps peuvent être en danger.

L’OIT a une longue expérience de collaboration avec des organisations d’employeurs et de travailleurs pour protéger la santé et la sécurité des travailleurs. Les programmes destinés à informer les travailleurs sur la prévention du VIH/sida et sur la défense des droits des travailleurs vivant avec le VIH ne sont qu’un exemple parmi d’autres.

Pour l’OIT, participer à une réponse plus large à l’épidémie d’Ebola consistera à mobiliser les lieux de travail dans toute la région pour qu’ils servent de canaux de distribution de tracts et de brochures. Les travailleurs eux-mêmes peuvent aider à la diffusion de cette information via leurs propres réseaux communautaires.

Si elles ont accès aux connaissances appropriées en provenance d’une source fiable, davantage de personnes pourront commencer à prendre les précautions nécessaires pour éviter de se contaminer, ce qui contribuera à endiguer la propagation de la maladie.

L’OIT va aussi contribuer à diffuser aux travailleurs de santé, aux techniciens de laboratoire et à toute autre personne susceptible d’entrer en contact avec eux des directives pour manipuler les patients et les matériels en toute sécurité.

Notre mission est de travailler avec les syndicats, les employeurs et les pouvoirs publics afin de doter les travailleurs du savoir indispensable pour se protéger. J’espère que cela permettra de sauver des vies aujourd’hui et demain, dès qu’Ebola se manifestera à nouveau.