Indicateurs clés du marché du travail

Le chômage de longue durée, un nouveau défi pour de nombreux pays

Alors que les taux de chômage montrent des tendances contrastées selon les régions, les demandeurs d'emploi peinent de plus en plus à trouver un emploi dans un laps de temps raisonnable, selon le dernier rapport de l'OIT "Les Indicateurs clés du marché du travail".

Actualité | 10 décembre 2013
GENÈVE (OIT Info) – Les périodes de chômage s’allongent dans certains pays par rapport à la situation qui prévalait avant la crise de 2008, selon une nouvelle édition des Indicateurs clés du marché du travail (KILM en anglais) de l’Organisation internationale du Travail (OIT).

«Les gros titres sur la récente baisse des taux de chômage cachent une réalité amère, celle de nombreux travailleurs sans emploi ayant de plus en plus de mal à trouver un nouvel emploi dans un laps de temps raisonnable de six mois ou plus», déclare Ekkehard Ernst, Directeur de l’Unité des tendances de l’emploi de l’OIT.

Where do job seekers have more chances to find a job within a year
Par exemple, en Espagne, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Serbie et en Bulgarie, le chômage de longue durée a augmenté de 40 pour cent ou plus par rapport à 2008.

La dernière édition des KILM – un outil numérique de référence proposant des données et analyses sur le marché du travail dans le monde – comprend des informations sur les dynamiques des pertes et des créations d’emploi dans 70 économies émergentes ou développées.

Les nouveaux chiffres montrent que, dans des pays ayant des taux de chômage comparables, les tendances du marché du travail peuvent afficher des différences considérables.

Tandis que les Etats-Unis et l’Allemagne avaient tous deux des taux de chômage d’environ 6,3 pour cent entre 1970 et 2013, les périodes de chômage étaient en moyenne plus courtes sur le marché du travail américain. En France, où les taux de chômage sont en moyenne de 30 pour cent supérieurs à ceux de l’Allemagne depuis 1991, un chômeur a besoin de moins de temps en moyenne pour retrouver du travail qu’en Allemagne.

Dans les pays en développement, les choses sont différentes. Les travailleurs passent plus rapidement d’une période de chômage à une période d’emploi que dans les économies avancées mais c’est parce qu’ils passent fréquemment par un emploi informel.

Au Mexique, par exemple, le nombre de personnes entrant ou quittant le marché du travail entre 2001 et 2012 était respectivement de 3,7 et 69 pour cent plus élevé qu’aux Etats-Unis – l’une des économies développées où la rotation sur le marché du travail est la plus forte.

Where are workers more likely to become unemployed within a year
«Les taux de chômage ne donnent qu’une image approximative du fonctionnement du marché du travail. Nos données aideront les pays à adapter leurs politiques aux catégories de travailleurs qui sont les plus affectés par la dynamique du marché du travail», explique M. Ernst.

Selon les pays, les données sur les flux de chômage proposées par les KILM couvrent plus de 30 années (1980-2012). C’est la première fois que ces statistiques sont recueillies pour obtenir une image unique, cohérente, des dynamiques du marché du travail dans les pays développés comme dans les pays en développement.

Les décalages de compétences sont monnaie courante

Quel que soit leur stade de développement, les pays constatent qu’un niveau d’instruction et de qualification approprié fait toute la différence entre une croissance inclusive et une croissance qui laisse de côté de larges segments de la société.

Le rapport montre que le degré de décalage des compétences (celles dont disposent les travailleurs comparées à celles dont le marché a besoin) dans les pays en développement se situait en moyenne à 17,1 pour cent en 2012. Pendant la plus grande partie de la décennie écoulée, il était bien inférieur à ce niveau, surtout dans les économies avancées.

La fréquence moyenne de la surqualification dans les économies développées était de 10,1 pour cent en 2010, contre 8,5 pour cent en 2008, et touchait particulièrement les migrants, les jeunes et les personnes handicapées. Dans les économies développées, la sous-qualification avoisinait les 28,1 pour cent en 2010, contre 31 pour cent en 2008.

Le rapport montre aussi que l’incidence des tendances à la suréducation augmente au fil du temps. Cela est en partie imputable à la hausse du niveau d’instruction. En période de crise économique, quand les offres d’emploi sont rares et les taux de chômage élevés, la suréducation a tendance à s’accélérer.

En plus de l’emploi, les données des KILM comprennent aussi des informations et des analyses sur les salaires, la productivité du travail, les travailleurs pauvres et d’autres problèmes liés au marché du travail.

Autres conclusions essentielles


Employment by economic class, globally and by region
  • Les travailleurs pauvres sont de moins en moins nombreux et une classe moyenne émerge à l’échelle mondiale.
  • Au total, 822 millions de travailleurs du monde en développement vivent dans la pauvreté, représentant 30,6 pour cent de la main-d’œuvre.
  • La classe moyenne mondiale continue de prendre de l’ampleur.
  • La classe moyenne des pays en développement a augmenté de 870 millions depuis 1991. Actuellement, 32 pour cent de l’ensemble des employés des pays en développement appartiennent à cette classe moyenne, presque deux fois plus qu’à la fin des années 1990.

Un logiciel interactif des KILM et un accès direct aux données sont disponibles sur www.ilo.org/kilm.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter le porte-parole de l’OIT, Hans von Rohland, au +4179/593-1321.