Emploi des jeunes

Le Directeur général de l’OIT préconise moins d’austérité et plus d’investissements pour résoudre la crise de l’emploi des jeunes

L’inaction face à la crise de l’emploi des jeunes pourrait semer les germes de la violence sociale et anéantir l’espoir d’une croissance durable. C’est un coût que le monde ne peut accepter, a déclaré le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder, lors d’un séminaire sur l’emploi des jeunes à Budapest.

Actualité | 11 janvier 2013
BUDAPEST (OIT Info) – Guy Ryder, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a plaidé pour moins d’austérité et davantage d’investissements afin de favoriser la reprise de l’emploi au moment où la crise de l’emploi des jeunes menace de déchirer «le tissu même de nos sociétés».

M. Ryder a insisté sur le fait que les mesures visant à promouvoir l’emploi des jeunes devaient être exclues des politiques d’austérité et qu’au contraire il convenait d’augmenter les dépenses consacrées à ces programmes.

«Investir dans ces mesures se révèle beaucoup moins coûteux que de gérer les conséquences en matière d’indemnités chômage, de comportement antisocial ou encore une déconnexion permanente du marché du travail», a expliqué le Directeur général de l’OIT devant les représentants des gouvernements, des travailleurs et des employeurs lors d’un séminaire à Budapest.

«Plus les investissements seront massifs, plus le taux de chômage des jeunes baissera», a-t-il ajouté

M. Ryder a rappelé que la crise prélevait un plus lourd tribut sur les jeunes que sur toute autre catégorie de la population en Europe.

  • Près de 75 millions de jeunes dans le monde âgés de 15 à 24 ans sont sans emploi.
  • 5,5 millions de jeunes sont au chômage en Europe. Cela représente 22 pour cent, plus du double que le taux pour les adultes.
  • Le chômage de longue durée affecte près de 30 pour cent des jeunes sans emploi en Europe.
  • Quelque 14 millions de jeunes, soit plus de 15 pour cent des jeunes Européens âgés de 15 à 29 ans, sont des NEET (selon l’acronyme anglais) – ni au travail, ni à l’école, ni en formation. Le nombre des NEET a quasiment doublé en presque deux ans.
«Nous ne pouvons et ne devrions pas laisser faire ce qui se passe sous nos yeux», a souligné M. Ryder. «Il est temps d’agir, de mener une action immédiate et ciblée», a-t-il ajouté.

Les programmes d’apprentissage et de formation professionnelle, les incitations publiques à l’embauche des jeunes, l’entreprenariat, les entreprises sociales et les coopératives, ainsi que les programmes d’emplois publics peuvent contribuer à la solution.

Mais des interventions isolées ne suffiront pas à régler le problème. Les mesures ciblées, telles que des garanties-jeunes, sont bien plus efficaces.

M. Ryder a souligné que ces trains de mesures étaient abordables pour les pays et que le coût de l’inactivité – qui laisse augmenter le chômage de longue durée et déconnecte les NEET de la société – serait beaucoup plus élevé.

Il a ajouté que L’appel à l’action de l’OIT de 2012 invitait de manière très claire les dirigeants politiques à répondre à la crise de l’emploi des jeunes. Cet appel à l’action s’accompagne d’une série de mesures pouvant être prises après avoir été testées en provenance du monde entier. Ces mesures ont fait l’objet d’un débat et ont été longuement évaluées durant la dernière Conférence internationale du Travail.

Le Directeur général s’est réjoui du train de mesures proposé par la Commission européenne en décembre dernier à Bruxelles pour lutter contre le chômage des jeunes.

Il a confirmé que l’OIT soutiendrait et coopérerait pleinement avec la Commission européenne pour la mise en œuvre et l’évaluation de l’efficacité des différentes mesures favorisant l’emploi des jeunes au niveau européen.

Il a également mis en lumière le soutien de l’OIT aux négociations bipartites entre les organisations européennes d’employeurs et de travailleurs en vue d’adopter un plan d’action cadre pour l’emploi des jeunes.

L'appel à l'action de l'OIT

La Conférence internationale du Travail a publié en juin 2012 un appel à l’action pour l’emploi des jeunes, invitant les gouvernements et les partenaires sociaux à:
  • Stimuler une croissance riche en emploi et la création d’emplois décents grâce à des mesures macroéconomiques, à l’employabilité, aux politiques du marché du travail, à l’entreprenariat et aux droits au travail.
  • Promouvoir des politiques macroéconomiques et des incitations fiscales qui renforcent la demande globale et favorisent l’emploi, qui améliorent l’accès au financement et accroissent les investissements productifs.
  • Adopter des mesures ciblées financées par des moyens budgétaires durables, telles que des mesures anticycliques et des interventions de soutien à la demande, des programmes d’emplois publics, des régimes de garantie de l’emploi, des programmes d’infrastructures à haute intensité de main-d’œuvre, des subventions pour les salaires et la formation. 
(Lire le communiqué de presse)