Citant les quatre défis clés pour bâtir une mondialisation juste, le Directeur général du BIT considère que l'Organisation internationale du Travail fait face à "un moment décisif"
L'Organisation internationale du Travail fait face à "un moment décisif" dans sa quête d'une mondialisation équitable, a déclaré aujourd'hui le Directeur général Juan Somavia dans un discours aux délégués tripartites représentant 177 Etats membres à la 92e Conférence internationale du Travail.
GENEVE (Nouvelles du BIT) - L'Organisation internationale du Travail fait face à "un moment décisif" dans sa quête d'une mondialisation équitable, a déclaré aujourd'hui le Directeur général Juan Somavia dans un discours aux délégués tripartites représentant 177 Etats membres à la 92e Conférence internationale du Travail.
Après une session spéciale au cours de laquelle des Chefs d'Etat et de gouvernement et les représentants des travailleurs et employeurs ont salué le rapport comme une plate-forme vers une politique nouvelle, plus cohérente de la mondialisation, M. Somavia a présenté ce qu'il a appelé une série de défis clés pour les délégués tripartites afin de retenir leur attention et avoir leurs conseils.
"L'enjeu est de taille", a dit M. Somavia. "Nous savons tous que si nous ne résolvons pas la question du chômage, la stabilité mondiale sera en danger."
M. Somavia a proposé quatre défis à l'OIT pour créer les conditions d'une mondialisation juste et qui puisse atteindre les Objectifs de développement du millénaire de réduire la pauvreté de moitié. Il a mentionné les défis suivants: faire du travail décent un but mondial, faire de l'OIT un acteur mondial dans la mise en forme de la mondialisation, mobiliser le tripartisme pour une action globale et faire de l'Organisation dans son ensemble "une vraie équipe mondiale" en quête d'une mondialisation juste.
L'OIT anime un débat mondial sur les conclusions du rapport de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation, qui a rendu son rapport en février dernier. M. Somavia a déclaré que le travail de la Commission mondiale a contribué à en finir avec "la rupture de dialogue" et a proposé des initiatives pour "une cohérence politique, nationale et internationale, renforcée à tous les niveaux par une sensibilisation".
M. Somavia a déclaré que la Commission "offre de nombreuses idées pour la réflexion stratégique et l'action pratique", ajoutant qu'il soumettait aux délégués de la conférence "des pistes qui pourraient retenir leur attention sur le rôle de l'OIT."
Le nouveau rapport intitulé " Une mondialisation juste: le rôle de l'OIT" ( Note 1) dit que "La recherche d'une mondialisation juste créant des opportunités pour tous dominera les affaires internationales au cours des dix années à venir. Que l'on considère le problème sous l'angle de la stabilité sociale et politique et de la sécurité ou du point de vue de ceux, très nombreux, pour qui les avantages de la mondialisation sont un mirage aujourd'hui, on ne peut balayer d'un revers de main les préoccupations bien réelles concernant l'équité et les opportunités."
Pour aborder ces questions, le rapport de la Conférence offre des propositions afin de faire de l'emploi décent un but mondial, de mettre au point des politiques nationales qui abordent la mondialisation et créent du travail décent dans les systèmes de production. Il parle également de la cohérence du dialogue et de la politique globale pour la croissance, l'investissement et l'emploi, la question du lien entre mondialisation et mouvements transfrontières, le renforcement des normes internationales du travail et le rôle que l'OIT doit jouer pour mobiliser l'action du changement.
M. Somavia dit que le mandat global de l'OIT et son système tripartite sont renforcés par un Conseil d’administration qui dispose des instruments institutionnels pouvant donner une réponse après la Conférence: par exemple fournir un cadre stratégique, prévoir un suivi du rapport de la Commission dans le prochain cycle de budget et développer de nouvelles politiques de l'OIT à travers les discussions du Groupe de travail sur la dimension sociale de la mondialisation.
"Au milieu des opportunités et des déséquilibres de la mondialisation qu'a décrit le rapport, nous sommes devant un défi pour imaginer notre avenir, en construisant aujourd'hui une mondialisation équitable où le travail décent pour tous est possible, a déclaré M. Somavia. Il y a des moments précieux dans l'histoire où les chances vont et viennent. Les saisir au vol requiert trois choses: un programme de nos actions, un engagement pour faire face aux obstacles et le courage de prendre des décisions."
Beaucoup de délégués ont favorablement accueilli le rapport de la Commission mondiale, qui selon Frank Fahey, ministre du Travail d'Irlande a "montré que le débat sur la mondialisation peut sortir de la rhétorique et l'acrimonie pour aller vers le dialogue et la coopération". Dans des commentaires ultérieurs, Alain Ludovic Tou, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Jeunesse du Burkina Faso et membre de la Commission mondiale a déclaré: "Le développement ne peut être fondé sur des critères économiques seulement, même si ces critères sont prioritaires pour nos nations, négligeant la dimension sociale et la création des déséquilibres finalement. Il est grand temps de donner au développement une figure humaine, un développement juste au service des populations."
Note 1 - " Une mondialisation juste: créer des opportunités pour tous", rapport de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation (Genève, BIT, 2004). ISBN 92-2-215426-6.