Etats, gouvernements, responsables tripartites en appellent d’urgence à une mondialisation plus juste: Ils apportent un soutien politique fort au rapport de la Commission Mondiale sur la Dimension Sociale de la Mondialisation

A la 92e Conférence internationale du Travail, des Chefs d’Etat et de gouvernement et des représentants du monde entier ont exprimé avec force leur soutien politique aux conclusions du rapport de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation comme le fondement de politiques nouvelles, plus cohérentes, visant à mettre en place une mondialisation équitable.

Communiqué de presse | 7 juin 2004

GENEVE (Nouvelles du BIT) - A la 92e Conférence internationale du Travail, des Chefs d’Etat et de gouvernement et des représentants du monde entier ont exprimé avec force leur soutien politique aux conclusions du rapport de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation comme le fondement de politiques nouvelles, plus cohérentes, visant à mettre en place une mondialisation équitable.

Devant les délégués tripartites de la Conférence annuelle de l’Organisation internationale du Travail ont pris la parole, lors d’une séance spéciale, les deux coprésidents de la Commission mondiale, la Présidente de Finlande, Mme Tarja Halonen et le Président de la République-Unie de Tanzanie, M. Benjamin Mkapa (ils ont rendu leur rapport sur la mondialisation en février dernier), ainsi que M. Georgi Parvanov, Président de Bulgarie et Mme Helen Clark, Premier ministre de Nouvelle-Zélande.

Se sont également adressés à la séance spéciale de la Conférence le Directeur général du BIT, M. Juan Somavia, le Vice-président du groupe employeur du Conseil d’administration, M. Daniel Funes de Rioja, et le Vice-président du groupe travailleur du Conseil d’administration, Sir Roy Trotman.

La Présidente de Finlande, Mme Halonen, a ouvert la discussion en s’engageant à continuer ses efforts pour accroître la visibilité internationale du rapport et particulièrement devant les institutions internationales comme l’Assemblée générale des Nations Unies, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, et différents organismes régionaux tels que la Commission européenne.

«Ce rapport ne doit pas être un rapport de plus, nous ne le laisserons pas faire», a-t-elle dit aux délégués. «Nous avons l’intention de prendre part au processus qui donne à la mondialisation une figure humaine.»

La Présidente Halonen a également noté l’importance de la migration dans le processus de mondialisation et a recommandé que l’OIT prenne en compte les questions de migration durant l’actuelle Conférence internationale du Travail. «De nouveaux types de mouvements transfrontières sont spécialement importants pour les pays en développement», a-t-elle ajouté.

«Mon propre pays est en train de préparer une stratégie nationale sur la mondialisation et je crois qu’il y a d’autres pays qui font la même chose», a-t-elle déclaré. «Rendre la mondialisation plus humaine prendra du temps. J’espère que le travail réalisé par notre Commission participera à ce processus. Apporter des changements demande l’implication de tous. Je sais que la Conférence internationale du Travail est prête à jouer son rôle pour promouvoir le changement.»

Dans son discours, le Président Benjamin W. Mkapa de la République-Unie de Tanzanie a déclaré que « le monde a créé ce feu qu’est la mondialisation», et il a appelé les protagonistes de tous bords prenant part au débat sur la mondialisation «d’apprendre à travailler ensemble afin de faire en sorte que la mondialisation profite à tous au lieu de les brûler».

«Les opposants aveugles de la mondialisation ne sont d’aucune aide, non plus les défenseurs aveugles de la mondialisation», a-t-il ajouté. «Si nous ouvrons nos yeux et devenons plus objectifs, nous verrons des possibilités multiples d’étendre les bénéfices de la mondialisation et de réduire ses conséquences négatives.»

Pour l’Afrique, le Président Mkapa a déclaré que le rapport de la Commission mondiale et son suivi étaient cruciaux pour l’avenir économique. Il a dit que le rapport était «en accord avec la mise en garde du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique(NEPAD), «que la mise à l’écart continuelle des peuples d’Afrique du processus de mondialisation et l’exclusion sociale de la vaste majorité d’entre eux constituent une menace sérieuse pour la stabilité mondiale». Pour M. Mkapa, le Sommet extraordinaire sur l’emploi et la réduction de la pauvreté prévu pour septembre 2004 à Ouagadougou pourrait «établir un lien politique important entre notre agenda économique pour le développement et la réduction de la pauvreté comme une façon de construire une économie globale incluant tout le monde».

Le Président Mkapa a également demandé aux pays développés d’envisager l’annulation de la dette des pays en développement, disant que, «pour les pays les moins développés, aucun montant de la dette n’est supportable. Chaque centime qui part pour le service de la dette vers les pays riches est un centime de moins pour les ressources désespérément utiles pour atteindre les Objectifs de développement du millénaire». Dans le même contexte, il s’est également interrogé sur le système actuel du commerce international, disant que les inégalités et l’injustice qui semblent inhérentes et fortement imbriquées au système actuel de gouvernance du commerce mondial» conduisait les pays en développement au «désespoir».

M. Mkapa a exprimé son ferme soutien à l’établissement d’un forum de politique de la mondialisation incluant les Nations Unies et les autres principales organisations internationales comme une des tâches à accomplir «si nous voulons une mondialisation plus juste».

Dans son allocution, le Président Parvanov de Bulgarie a noté que son pays a récemment connu un processus de transition vers la démocratie ainsi qu’un rapprochement de l’économie mondiale. Il était particulièrement important que la mondialisation ait une composante sociale, soit fondée sur des valeurs universelles et bénéficie à tous les pays sans exception. Nous ne devons pas fermer les yeux sur la situation mondiale. L’extrémisme trouve un terreau fertile là où il n’y a pas de justice sociale.

«Ni les guerres économiques, ni les conflits militaires, bref, le recours à la force sous toutes ses formes n’est pas une solution», a dit M. Parvanov, ajoutant que «la coopération aux niveaux international et régional sont des éléments clés qui permettent aux pays de participer activement à l’économie mondiale et que l’Etat doit continuer à remplir son rôle pour assurer un environnement macroéconomique stable, donner des emplois décents et lutter contre la pauvreté».

Dans son discours, le Premier ministre de Finlande, Mme Helen Clark a noté que «les gouvernements ont une capacité unique à développer des stratégies et amener une série d’acteurs à travailler ensemble vers un but commun».

«Assurer une place pour notre pays dans l’économie globale afin d’assurer un bon niveau de vie à tous n’est pas un travail à confier aux forces du marché», dit-elle. «Cela requiert des stratégies claires et délibérées à la fois pour agrandir le gâteau à nous partager et pour assurer qu’il est distribué d’une manière juste.»

Le Premier ministre de Nouvelle-Zélande a déclaré que «son gouvernement a pris des mesures «pour assurer que non seulement, à l’âge de la mondialisation, la Nouvelle-Zélande a une économie forte et viable, mais aussi que les résultats de ces efforts sont reflétés dans la qualité de la vie de tous les Néo-Zélandais. Mais nous devons aussi reconnaître le besoin d’action au niveau international pour qu’il soit remédier aux déséquilibres décrits dans le rapport de la Commission mondiale».

Mme Clark a ajouté que le rapport devrait être accueilli favorablement pour «apporter un nouveau sens de l’urgence dans le débat dont la question essentielle est: comment canaliser les forces de la mondialisation dans une direction plus durablement positive?». Cela pourrait être par exemple à travers un forum de politique de la mondialisation.

«Les racines d’un monde plus pacifique se trouvent dans les questions socioéconomiques de base», a déclaré Mme Clark. «La tâche est bien dans le mandat de l’OIT, et j’espère bien que celle-ci va engager sur la même voie d’autres membres du système multilatéral, des membres formels ou informels, fondés sur l’Etat-Nation ou sur la société civile, dans une action concertée pour assurer les bénéfices de la mondialisation pour le plus grand nombre et non quelques privilégiés.»

M. Funes de Rioja a rendu hommage à la Commission pour avoir donné un point de vue consensuel sur la mondialisation entre personnes d’origines et d’opinions diverses.

«Je crois que l’occasion se présente maintenant de placer le débat à un niveau différent, plus actif, plus engagé. Je crois que cette opportunité doit être saisie», a dit M. Funes de Rioja. «Le rôle du secteur privé dans la promotion de l’investissement comme une façon de combattre l’exclusion est un point essentiel des recommandations de la Commission. Je crois fermement que si nous essayons de construire sur l’expérience du secteur privé dans le développement, alors le rôle des organisations nationales d’employeurs est crucial.»

Dans ses commentaires, Sir Roy mentionne la Commission qui dit que «tant que les pires situations de pauvreté et de privation ne sont pas résorbées, il n’y a pas de place pour une paix réelle et une prospérité mondiale. Le groupe des travailleurs, dans l’OIT, croit que nous avons atteint un point où il ne suffit plus de répéter les mêmes choses. Il est temps d’agir».

«La mondialisation a une très forte capacité à aider véritablement les plus nombreux et à ne pas plaire à quelques-uns», dit Sir Roy.«Prenons en compte les pays qui ont des handicaps et faisons en sorte de les amener à un niveau de compétitivité suffisant. Faisons en sorte de renforcer le rôle de l’OIT pour qu’existe ainsi une institution responsable et suffisamment intègre pour surveiller l’application des normes dont nous parlons tous, afin que nous puissions dire que nous travaillons tous avec honnêteté.»

Dans ses remarques de conclusion, M. Somavia a déclaré que la discussion a montré la voie à des discussions futures sur le rapport de la Commission mondiale, ajoutant que «nous avons une chance immense devant nous, si nous ne devenons pas idéologiques. Nous disposons d’instruments incroyables, si nous restons justes. Nous progresserons réellement si nous avons la capacité de dialoguer et la capacité de comprendre que chacun a une responsabilité pour qu’une mondialisation juste puisse arriver.»