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La protection sociale au Timor-Leste: Le dialogue peut contribuer à améliorer la protection des plus pauvres

Bien qu’étant la plus jeune nation d’Asie, le Timor-Leste a adopté une approche volontariste et coordonnée pour assurer une meilleure qualité de vie à ses citoyens avec la Stratégie nationale de protection sociale pour 2017-2030.

Reportage | 8 décembre 2017

DILI, Timor-Leste (OIT Infos) – Aida Mota est l’une des fonctionnaires dévoués à l’origine de l’élaboration de la première Stratégie nationale de protection sociale du Timor-Leste. En tant que Directrice nationale pour la sécurité sociale contributive au ministère de la Sécurité sociale (MSS), elle a œuvré sans relâche pour les politiques de protection sociale du pays depuis les premières années de l’indépendance.

Elle se souvient de l’impact de la crise de 2006 qui avait précipité le déplacement de plus de 150 000 personnes et laissé des quartiers entiers de la capitale timoraise, Dili, en cendres. La crise avait été déclenchée par un conflit politique mais la frustration des habitants engendrée par la lenteur des changements après l’indépendance avait alimenté le conflit.

Réalisant qu’il fallait offrir d’urgence une meilleure protection à sa population, le gouvernement du Timor-Leste avait essayé de satisfaire les besoins élémentaires des habitants en élaborant un système de protection sociale après la crise.

Dans ses fonctions de Directrice nationale pour la sécurité sociale contributive au MSS, Aida Mota a connu plusieurs des programmes de protection sociale mis en œuvre dans son pays.

Elle se rappelle: «Nous avons débuté avec une pension universelle non contributive pour les personnes âgées, suivie par la “Bolsa da Mãe” (un programme de transferts en espèces conditionnels) qui s’adressait aux familles avec enfants et nous avons ensuite planché sur un régime de sécurité sociale de type contributif.»

Elle admet que la tâche n’a pas été facile. La perte de données liée à la guerre de 1999 et à la crise de 2006 dans son pays avait empêché le gouvernement d’envisager une contribution des travailleurs du secteur privé à l’époque, une décision soutenue par les partenaires sociaux. Puis, après la restauration de l’indépendance en 2002, divers ministères et institutions publiques ont commencé à établir leurs propres programmes et politiques, sans aucune coordination.

«Chacun de ces programmes était utile mais nous avons commencé à remarquer des chevauchements et des lacunes qui nous empêchaient de progresser vers une réduction effective de la pauvreté dans notre pays», explique-t-elle.

Consciente des possibilités d’accroître l’efficacité et de réduire les coûts qu’offrent les stratégies de synergie et de déploiement à grande échelle, le gouvernement du Timor-Leste a demandé à l’OIT de l’aider à élaborer et mettre en œuvre un programme national coordonné en matière de protection sociale.

L’OIT a apporté une assistance technique, notamment grâce à un processus de «Dialogue national fondé sur l’évaluation», financé par la Coopération portugaise dans le cadre du programme ACTION/Portugal. Ce dialogue est un processus participatif qui rassemble tous les acteurs nationaux concernés en vue d’analyser les systèmes de protection sociale existants, d’établir des politiques prioritaires partagées, de définir un objectif commun et d’estimer le coût de la réforme.

Le programme ACTION/Portugal a pour but de renforcer les capacités et de faire progresser les politiques de protection sociale dans les pays lusophones d’Afrique et d’Asie. Actuellement, le programme couvre six pays, dont le Timor-Leste, où il soutient l’élaboration de la Stratégie nationale de protection sociale (SNPS) et la mise en place d’un régime contributif de sécurité sociale.

«Au Timor-Leste, le processus est dirigé par le MSS mais il ne s’agit plus d’un processus autonome. Seize autres institutions gouvernementales, des représentants d’organisations d’employeurs et de travailleurs participent activement au processus, avec l’appui des Nations Unies», explique Mme Mota.

«Par rapport à d’autres pays parvenus au même stade de développement, le Timor-Leste dispose d’un système de protection sociale plutôt complet. Le pays se caractérise aussi par des niveaux d’investissement parmi les plus élevés d’Asie en termes de dépenses publiques», déclare André Bongestabs, Consultant en protection sociale de l’OIT pour le processus d’élaboration de la PNPS.

«Sans qu’il soit besoin d’augmenter les investissements de manière radicale, mais en améliorant la coordination et le partage des connaissances, nous pouvons obtenir de meilleurs résultats, comme une couverture accrue et un taux plus élevé de protection des plus vulnérables, qui les aident à sortir et à se maintenir en dehors de l’extrême pauvreté. La Stratégie nationale de protection sociale va fournir les orientations et la cadre nécessaires pour y parvenir», conclut M. Bongestabs.

Stratégie de protection sociale du Timor-Leste pour 2017-2030

La Stratégie fixe les objectifs et les mesures liés à la protection sociale, veillant à ce que toutes les évolutions politiques soient conformes au Plan de développement national global et aux Objectifs de développement durable.

Les participants ont réalisé une analyse du statut de développement du pays, identifiant les principaux défis, comme la pauvreté et la malnutrition de masse, évaluant les programmes sociaux en place et identifiant les contraintes et les problèmes courants.

Cette analyse détaillée a servi de base pour élaborer une série de recommandations en vue d’étendre et d’améliorer le système de protection sociale au Timor-Leste, y compris une meilleure gouvernance.

«Quand nous avons commencé à réunir tous les acteurs concernés, nous avons rapidement réalisé combien il était important d’avoir une vue d’ensemble pour mesurer l’efficacité réelle de nos investissements», a ajouté Ada Mota.

«Avec la SNPS, nos investissements seront mieux suivis et mieux évalués. Cela nous permettra de garantir une meilleure couverture. J’en suis fière et je suis impatiente de voir l’impact sur la vie des habitants du Timor-Leste», a conclu Mme Mota.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter André F. Bongestabs, Consultant en protection sociale, Organisation internationale du Travail, Dili, Timor-Leste: bongestabsa@iloguest.org.