Soutenir des emplois durables à Gaza

Nouvelles compétences et nouveaux emplois pour les pêcheurs de Gaza

Une initiative de formation de l’OIT offre une possibilité aux chômeurs appartenant à des familles de pêcheurs de la Bande de Gaza d’acquérir de nouvelles compétences et d’accroître ainsi leurs chances de trouver du travail dans le secteur de la pêche à Gaza, en proie à de sérieuses restrictions en matière de circulation et de commerce.

Reportage | 14 janvier 2016
Les stagiaires écoutent des instructions sur la maintenance et la réparation des moteurs de bateau et des générateurs électriques, dans le cadre d’une formation sur site, dispensée par l’OIT, dans le secteur de la pêche à Gaza.
GAZA (OIT Info) – Trente jeunes chômeurs palestiniens de la Bande de Gaza, dans les territoires palestiniens occupés, sont en train de renforcer leurs compétences techniques et d’améliorer leurs chances d’obtenir un emploi grâce à un dispositif d’enseignement et de formation en milieu professionnel mis en place par l’OIT en vue de soutenir le secteur de la pêche dans l’enclave palestinienne.

Les stagiaires sont issus de familles actives dans le secteur de la pêche local. Ils viennent de terminer les deux premières phases du dispositif qui fait partie du programme de renforcement des capacités intitulé «Développement des compétences et renforcement de l’employabilité dans le secteur de la pêche», mis en œuvre en partenariat avec le syndicat général des pêcheurs maritimes de Gaza.

Le programme s’efforce de réduire la pauvreté et de restaurer les moyens de subsistance des pêcheurs les plus vulnérables de l’enclave côtière palestinienne; il cible les pêcheurs et les propriétaires de navire les plus affectés par l’opération militaire israélienne à Gaza au cours de l’été 2014.

«L’OIT a ciblé un groupe de jeunes hommes qui appartiennent à des familles de pêcheurs et collabore avec l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine, à travers ses centres de formation, en vue de doter ces jeunes gens des compétences qui leur permettront d’entrer sur le marché du travail en étant plus compétents et mieux armés», a déclaré le représentant de l’OIT à Jérusalem, Mounir Kleibo.

Préserver un commerce traditionnel

L’idée était de préserver le commerce traditionnel de la pêche à Gaza mais aussi d’offrir aux jeunes les débouchés dont ils ont tant besoin. La première phase de cours comportait un enseignement théorique et pratique pour le réparation et l’entretien des moteurs de bateau et des générateurs électriques, ainsi que pour la maintenance des réseaux électriques à terre.

Les stagiaires équipent un bateau de pêche avec un moteur réparé, dans le cadre d’une formation sur site, dispensée par l’OIT, dans le secteur de la pêche à Gaza.
La formation théorique était dispensée par le Syndicat des pêcheurs au centre de formation de l’UNRWA à Gaza. A la fin de la première phase de formation en classe, l’OIT a donné à chaque stagiaire une trousse à outils avec les principaux outils et instruments nécessaires pour réparer un moteur de bateau et entretenir les générateurs et les réseaux électriques. La seconde phase a permis de délivrer un enseignement pratique relative à ces modules dans le port de Gaza.

Jihad Salah, chef du département de la pêche au ministère de l’Agriculture à Gaza, a déclaré: «Ce programme intègre plusieurs activités visant à former ces hommes à des compétences qui ne sont pas directement liées à la pêche mais plutôt au secteur dans son ensemble. Ce qui crée des possibilités d’emplois dans des sous-secteurs de l’industrie de la pêche, ce qui est vital pour développer la chaîne de valeur du secteur dans son ensemble».

Les nouvelles compétences bénéficient aux pêcheurs

L’un des stagiaires, Hussam Al Absi, a affirmé que ses nouvelles compétences en matière de réparation de moteurs de bateau et de générateurs électriques lui seraient très utiles au travail.

Les stagiaires reçoivent un enseignement pratique sur site pour apprendre à réparer et à entretenir les moteurs de bateau et les générateurs électriques.
«Je peux maintenant gagner du temps et économiser de l’argent. Si un générateur tombe en panne quand je suis en mer, je n’ai plus besoin de faire l’aller-retour avec la côte. Je peux le démonter moi-même, le réparer et l’entretenir régulièrement».

Les trente hommes ont maintenant entamé une autre phase du dispositif: une période de trois mois de stage rémunéré. Au cours de cette phase, les apprentis mettront en application les compétences qu’ils viennent d’acquérir en réparant les bateaux d’une vingtaine de propriétaires qui ont été endommagés pendant l’opération militaire israélienne de 2014.

Le programme mettra aussi en œuvre une initiative visant à former 100 pêcheurs de Gaza aux questions de santé et de sécurité au travail et à la manipulation du poisson en toute sécurité.

Le programme fait partie d’un plus vaste projet de l’OIT à Gaza intitulé «Soutenir les moyens de subsistance des pêcheurs et de leurs familles dans la Bande de Gaza», qui relève à son tour de la Réponse d’urgence de l’OIT à la crise dans la Bande Gaza.

Le secteur de la pêche joue un rôle crucial pour garantir la sécurité alimentaire, la génération de revenus et la création d’emplois à Gaza: des milliers de ménages dépendent directement de ce secteur d’activité. Il s’agit des familles des pêcheurs, des mécaniciens, électriciens, vendeurs d’engins de pêche, charpentiers, détaillants et grossistes en poisson, ainsi que des producteurs de l’industrie alimentaire.

Assurer la sécurité alimentaire et favoriser l’emploi

«Le secteur de la pêche est un secteur vital qui contribue au PIB palestinien et concourt à la sécurité alimentaire pour les habitants de la Bande de Gaza», a déclaré Rachid Al Ruzzi, coordinateur de l’OIT à Gaza.

«Le secteur offre aussi de nombreuses possibilités d’emplois – environ 4 500 emplois pour les pêcheurs et pour ceux qui travaillent dans des professions liées à l’industrie de la pêche. Le secteur assure des moyens de subsistance à quelque 30 000 personnes (à Gaza)», a poursuivi M. Al Ruzzi.

Les travailleurs du secteur souffrent d’une perte de parts de marché, de revenu et de niveau de vie à grande échelle et figurent parmi les plus touchés par l’insécurité alimentaire dans la Bande de Gaza. Au fil des ans, les contrôles israéliens et égyptiens ont imposé de lourdes restrictions de mouvement et de commerce à la Bande de Gaza, ont réduit les zones de pêche – avec pas moins de 85 pour cent des eaux de pêche de Gaza affectées en différents points – et ont abouti à une forte hausse des coûts de production dans le secteur.

En juillet et août 2014, une opération militaire israélienne a détruit les infrastructures sociales et économiques de Gaza dans des proportions inédites.