Inspection du travail

La technologie allège la charge de l’inspection des usines

L’application pour tablette «LISA» facilite l’inspection du travail à Colombo et aide à suivre les dossiers et à garantir la conformité à la législation du travail

Reportage | Bangkok Thailande | 1 avril 2015
COLOMBO (OIT Info) – Les yeux de P.V. Manel Ranathunga parcourent l’espace de bas en haut alors qu’elle fait tranquillement le tour de l’usine de thé Hidellana, à environ 80 km de la capitale sri-lankaise, Colombo.

Une prise électrique dans la section de séchage du thé a retenu son attention. «Les fils le sont pas correctement connectés au courant», dit-elle. Elle lève sa tablette et prend deux clichés.

«Je peux prendre des photos avec elle. C’est si facile.»


Mme Ranathunga, 45 ans, est inspectrice du travail au Bureau du travail du district Est de Colombo. Sa mission consiste à inspecter une quarantaine d’usines et à vérifier qu’elles respectent le droit du travail et se conforment aux normes et que les travailleurs bénéficient d’un environnement de travail sûr et sain.

Elle exerce ce métier depuis plus de 14 ans. En 2013, sa façon de travailler a changé quand elle a commencé à utiliser une tablette. Ce n’est pas tant l’appareil photo qui a modifié les choses que l’application préinstallée appelée Application du système d’inspection du travail, ou LISA (en anglais).

LISA a été mise au point par l’Organisation internationale du Travail (OIT) avec le soutien du ministère du Travail des Etats-Unis (USDOL). Il a fallu cinq ans pour développer cette application qui réunit tous les éléments relatifs à l’inspection du travail en un seul système. En 2013, le Sri Lanka est devenu le premier pays d’Asie du Sud à l’utiliser.

L’application préinstallée appelée Application du système d’inspection du travail, ou LISA (en anglais), a amélioré la façon dont les inspecteurs travaillent.
Mme Ranathunga fut l’une des premières d’un groupe de 400 inspecteurs formés par l’OIT à l’utilisation de LISA. Par le passé, son travail n’était ni facile ni rapide. Se déplaçant dans plusieurs usines, elle devait transporter plus de 10 formulaires, détaillant les différentes normes du travail, ainsi qu’un grand registre. Dans chaque usine, elle devait remplir les questionnaires et prendre des notes, puis travailler pendant trois heures à son retour à la maison pour finir ses rapports. Mais maintenant, avec LISA, elle n’a plus de piles de dossiers et tout son travail peut être effectué sur site.

Un simple clic

Quand elle constate un problème dans une usine, elle prend une photo avec sa tablette et clique sur l’icône LISA. La fenêtre de l’application s’ouvre alors et elle peut écrire son rapport d’inspection et le sauvegarder avec les photos dans la base de données en ligne de LISA. Elle envoie les photos et son rapport à la direction de l’entreprise avec une requête pour résoudre les problèmes. Son travail est terminé et elle peut rentrer chez elle auprès de son fils adolescent et de son mari.

«Les inspecteurs peuvent remplir leur rapport sur place et le télécharger sur la base de données depuis le lieu de travail lui-même. Quand ils quittent l’usine, le travail est terminé», explique W.J.L.U Wijayaweera, secrétaire au ministère du Travail et des Relations professionnelles du Sri Lanka.

Ranathunga utilise LISA pour inspecter une usine.
«Le système manuel nous compliquait toujours la tâche pour contrôler les actions de suivi. Le logiciel qui a été développé n’est pas seulement un outil d’inspection mais il concerne aussi les mesures de contrôle et le suivi», ajoute t-il. «Par exemple, si l’inspection révèle une forme quelconque de non- conformité, l’action va se poursuivre parfois jusqu’au contentieux et même après le contentieux le recouvrement de l’indemnisation aux travailleurs concernés».

LISA a aussi provoqué des changements pour le Département des plaintes et des affaires juridiques du bureau de Mme Ranathunga. Quand les travailleurs ou les employeurs présentent leurs doléances, elles sont dorénavant enregistrées dans la base de données en ligne de LISA plutôt que dans les anciens registres.

«Après avoir reçu une plainte, nous l’enregistrons dans le système [LISA] et nous envoyons l’information aux fonctionnaires du travail qui vont enquêter sur la question et prendre les mesures qui s’imposent ensuite», souligne L.T.G.D Darshana, commissaire adjoint au travail, du Bureau de travail du district de Colombo.

«Auparavant, nous avions un cahier spécial pour cela. Nous consignions les détails de la plainte dans ce cahier. Mais maintenant le nouveau système a simplifié le processus pour nous».

Le public aura accès

Nous consignions les détails de la plainte dans ce cahier. Mais maintenant le nouveau système a simplifié le processus pour nous.»

L.T.G.D Darshana, commissaire adjoint au travail du Bureau de travail du district de Colombo
LISA permet aussi, en saisissant le nom d’un travailleur ou d’un employeur dans le système, d’obtenir tous les détails sur leurs plaintes, y compris les jugements des tribunaux, les mesures prises par les fonctionnaires du travail responsables et ce qui devra être fait par la suite. Très bientôt, la base de données sera mise à la disposition du public qui pourra garder une trace de ses dossiers.

D’autres pays d’Asie-Pacifique ont aussi manifesté leur intérêt pour l’application et les Philippines ont déjà commencé à développer un système d’inspection du travail informatisé similaire.

«Avec LISA, il est plus facile de s’assurer de la conformité au droit du travail et d’instruire les dossiers», confirme Shyama Salgado, coordinatrice nationale du programme de l’OIT au Sri Lanka. «Nous sommes confiants maintenant, le ministère du Travail sera capable de répondre de façon plus efficace, transparente et rapide aux demandes de nos partenaires sociaux également».

Les organisations d’employeurs et de travailleurs du Sri Lanka (ou partenaires sociaux) sont aussi conscients des bénéfices de LISA. «Nous sommes convaincus que ce projet [LISA] peut vraiment contribuer à améliorer la condition des travailleurs et celle des employeurs, la situation de l’industrie et de la nation tout entière», déclare Anton Marcus, secrétaire associé au Syndicat des employés des zones franches et des services généraux du Sri Lanka.

Il est à espérer que les progrès et la transparence qu’apporte LISA à l’inspection du travail et à l’administration du travail contribueront à instaurer de meilleures relations professionnelles et à réduire les conflits.

«Nous sommes très heureux de disposer de cette application. Avec LISA, nous allons avoir un système de gouvernance approprié pour l’inspection du travail, pas seulement pour l’inspection mais pour le processus d’administration dans sa totalité», conclut M. Wijayaweera.