Entrepreneuriat des jeunes

Sortir des sentiers battus: un entrepreneur en série en Afrique du Sud

Dans la province sud-africaine de l’Etat-libre, une initiative de l’OIT encourage les jeunes entrepreneurs à apporter des idées innovantes afin de lancer des entreprises qui marchent.

Reportage | 24 octobre 2014
BLOEMFONTEIN (OIT Info) – Quand Tebang Motaung, un jeune Sud-africain de 26 ans, a assisté à un mariage il y a quelques années, il ne savait pas encore qu’il allait devenir chef d’entreprise. «J’ai été simplement étonné quand j’ai vu les invités se passer des serviettes autour du buffet. J’ai pensé aux nombreux germes et bactéries qui se transmettaient d’un invité à l’autre», raconte-t-il.

M. Motaung a entamé une réflexion sur les moyens d’éviter ces situations peu hygiéniques. Il travaillait alors comme agent de la circulation mais ne gagnait pas ce qu’il estimait nécessaire pour fonder une famille. Il a donc cherché un produit qui conviendrait à une vaste communauté d’utilisateurs, en particulier dans les milieux où le respect des mesures d’hygiène est un véritable défi. C’est à ce moment-là qu’il a décidé de développer le stérilisateur Tamikk Vadoek.

Le produit est pulvérisé directement sur du tissu et détruit efficacement les 400 millions de bactéries que l’on trouve habituellement dans une maison. Il élimine aussi les microbes sur les mains des utilisateurs de serviettes, réduisant la transmission des germes récoltés en manipulant la nourriture.

Créer des emplois


Après avoir lancé son entreprise, il a pu créer neuf emplois concernant la fabrication, l’emballage et la distribution du stérilisateur. Mais en dépit du bon démarrage de l’affaire, il manque encore de confiance en lui. «Quand j’ai entendu parler pour la première fois en 2013 du Concours EnterPRIZE Challenge Business, je me demandais encore si mon idée de produire le stérilisateur Tamikk Vadoek valait la peine d’être présentée», explique-t-il.

Concours EnterPRIZE Challenge Business 2013
 

 
Quelques jours plus tard, il écoutait la radio quand il a entendu une interview annonçant le concours. Il a décidé de soumettre son idée pour avis – aux côtés de 548 autres candidats.

Il a été surpris d’apprendre qu’il figurait sur la liste restreinte, et plus encore en découvrant qu’il avait remporté le premier prix dans la catégorie «jeunes pousses».

Le prix de l’OIT stimule l’activité


Le prix et l’assistance technique ont donné un coût d’accélérateur à ses affaires. En 2014, il a signé un contrat avec le département du Développement social de l’Etat-libre pour fournir quatre aérosols par semaine à chacune des 4590 crèches de la province enregistrées dans sa base de données. Dans l’intervalle, sa production est passée de 1300 vaporisateurs par an au nombre impressionnant de 60 000 exemplaires.

En permanence, il emploie 15 personnes toutes âgées de moins de 33 ans, pour assurer le service client, les livraisons et les ventes à la clientèle. Il a aussi transféré ses activités de Bloemfontein vers la ville de Rietz, au Nord de l’Etat-libre, plus près du laboratoire qui produit la solution et peut conditionner de plus gros volumes de produit. Cela réduit les coûts de transport qui, sinon, devraient être répercutés sur le consommateur.

Le plan consiste maintenant à mettre en place un site de fabrication et de conditionnement à Bloemfontein et M. Motaung est en cours de discussion pour trouver le financement nécessaire pour mener son projet à bien. Compte tenu de la croissance constante de son entreprise, le chiffre d’affaires de M. Motaung a maintenant atteint 180 000 rands (environ 17 025 $) par mois. Ce revenu régulier lui permet de se consacrer à l’expansion de son entreprise, ainsi qu’au lancement d’autres activités commerciales.

«Je me considère comme un “entrepreneur en série”. J’espère pouvoir créer une série d’entreprises à succès qui seront gérées par d’autres membres de mon équipe», explique-t-il. M. Motaung estime que le concours de l’OIT l’a obligé à clarifier la façon dont il voulait développer ses affaires et créer plus d’emplois formels. «Sans ce prix, je n’aurais pas élaboré un modèle d’entreprise aussi efficace», conclut-il.

Le Challenge enterPRIZE de création d’emplois dans l’Etat-libre a été lancé en 2013 pour aider les jeunes entrepreneurs sud-africains à saisir les opportunités commerciales inexploitées ou sous-exploitées. En juin dernier, un second cycle du challenge a permis de distribuer des prix à 71 lauréats dans 25 catégories.

«Ils ont été invités à sortir des sentiers battus et à faire preuve d’innovation», déclare Jens Dyring Christensen, spécialiste à l’OIT de la création d’entreprises pour l’Afrique australe et orientale. « Avec plus de 31 pour cent des jeunes Sud-africains qui n’ont ni emploi, ni éducation, ni formation, le Challenge enterPRIZE est un moyen prometteur de faire face aux impératifs de développement de l’entrepreneuriat et de l’emploi dans le pays.» La compétition est parrainée par de grandes entreprises, ainsi que par des associations commerciales locales, des chambres de commerce et des universités.

Ce challenge s’appuie sur un partenariat entre l’OIT, le ministère du Développement économique, du Tourisme et des Questions environnementales, l’agence de développement des petites entreprises et la Délégation de Flandre en Afrique du Sud.