VIH

Les communautés indigènes prennent place dans la lutte contre le sida au Chili

L’OIT et les communautés indigènes du Chili font équipe pour lutter contre les discriminations et mettre en œuvre les directives concernant le VIH dans le secteur des transports.

Reportage | 16 avril 2013
Willy Morales, représentant du peuple Huiliche
SANTIAGO (OIT Info) – Les communautés indigènes du Chili se joignent à l’Organisation internationale du Travail (OIT) pour lancer une initiative nationale de prévention contre le VIH et anti-discrimination dans le secteur des transports.

«Au Chili, une personne indigène est stigmatisée et discriminée dès la naissance – si nous ajoutons la question du sida, la discrimination est double», explique Willy Morales, représentant du peuple Huiliche qui vit ouvertement avec le VIH et qui a contribué à monter un réseau de personnes indigènes affectées par l’épidémie.

L’OIT a approché l’organisation de M. Morales, le Réseau national de lutte contre le VIH/sida des peuples originels (RENPO en espagnol), en novembre 2010, pour l’associer au développement et à la mise en œuvre d’une politique relative au VIH dans le secteur des transports.

Au Chili, une personne indigène est stigmatisée et discriminée dès la naissance – si nous ajoutons la question du sida, la discrimination est double.»
«Quand nous avons commencé à travailler avec le ministère chilien du Travail et de l’Aide sociale pour élaborer des directives tripartites nationales relatives au VIH dans ce secteur, il a semblé logique et naturel d’impliquer les populations autochtones et de leur permettre de s’exprimer dans le processus», explique Guillermo Miranda, Directeur du Bureau de l’OIT pour le Cône Sud de l’Amérique latine.

Faciliter l'accès à l'information


Un grand nombre d’indigènes travaillent dans le secteur des transports qui joue un rôle important pour la survie de leurs communautés et pour l’économie du Chili. Les chauffeurs routiers effectuent des milliers de kilomètres, et les longues séparations d’avec la famille et les amis ainsi qu’un accès limité à l’information sur le VIH et aux services de santé signifient qu’ils peuvent être particulièrement vulnérables à l’épidémie. Les chauffeurs indigènes sont en outre confrontés aux défis de la pauvreté et des discriminations et au manque cruel de matériels de prévention du VIH dans leur propre langue.

Pour donner accès à cette information, l’OIT dispose de sa recommandation (n° 200) sur le VIH et le sida, 2010, traduite en Mapudungun – une langue indigène parlée par les peuples Mapuche. C’est la première fois que cette recommandation est traduite dans une langue indigène d’Amérique.

Comme le Mapudungun est davantage une langue orale qu’écrite, la recommandation a été mise à disposition sur DVD et largement diffusée dans les réunions communautaires; elle a aussi été retransmise sur des chaînes locales de radio et de télévision dans l’île de Chiloé, au sud du Chili, dont M. Morales est originaire. «Nous apprécions la mise en œuvre de la recommandation n° 200 de l’OIT au Chili et l’effort consenti pour atteindre les communautés autochtones de notre pays avec un message exprimé dans notre langue maternelle, [nous apprécions] ce respect que nous méritons en tant que peuple», déclare M. Morales.

Eric Stener Carlson et Willy Morales
«Traduire la norme de l’OIT sur le VIH et le monde du travail fut le point de départ pour engager la communauté indigène dans l’élaboration des directives nationales sur les transports», explique Eric Stener Carlson, spécialiste du VIH/sida pour l’Amérique du Sud au BIT. «A partir de là, nous avons impliqué les peuples autochtones dans le processus d’élaboration de la politique et nous continuons de travailler avec eux pour la mettre en œuvre», a-t-il ajouté.

Briser les stéréotypes


L’an passé, les représentants des communautés indigènes ont collaboré avec les partenaires des transports pour élaborer La ruta del respecto (La route du respect), un manuel pédagogique du BIT destiné à briser les stéréotypes. Cet outil fondamental est paru en décembre 2012 et comprend une introduction et un chapitre spécial rédigés par le RENPO pour offrir une perspective indigène.

Le RENPO insiste sur l’importance de respecter la culture et les valeurs des peuples autochtones quand on travaille ensemble à la prévention du VIH. Cela suppose d’envisager le monde de manière holistique, d’accepter la diversité sexuelle et l’idée que le VIH touche la communauté tout entière, pas seulement la personne qui vit avec le VIH.

«Les efforts déployés pour établir des ponts ont déjà débouché sur une intégration des peuples indigènes et de leurs visions dans les multiples réunions du secteur du transport routier sur le VIH au Chili», déclare M. Carlson.