Les coopératives sont aussi des employeurs

Les coopératives passent à l’action

Qu’il s’agisse de manutention de grains ou de caisses de crédit, les entreprises coopératives sont des employeurs qui assument un rôle éminent parmi les partenariats sociaux.

Analyse | 15 septembre 2014
Ensemble, les entreprises coopératives représentent une partie importante de l’économie mondiale. Les dernières recherches indiquent que les 1 500 plus grandes coopératives génèrent un chiffre d’affaires cumulé de 2 500 milliards de dollars.

Dans le monde des affaires, les entreprises coopératives affichent leurs forces. L’exemple le plus significatif nous vient peut-être d’Australie où le Business Council of Cooperatives and Mutuals (BCCM, Conseil commercial des coopératives et des mutuelles) a été créé en 2012, à l’occasion de l’Année internationale des coopératives pour les Nations Unies.

Le BCCM réunit un vaste éventail d’entreprises coopératives, des métiers du grain et de la production laitière aux commerces et caisses de crédit, gérées par leurs membres.

Selon son site web, le BCCM fournit un «réseau national abritant des entreprises coopératives et mutuelles où toutes les entreprises détenues par leurs membres peuvent favoriser l’innovation et construire des relations commerciales». Les membres du BCCM pensent qu’une «économie dotée d’une plus grande densité d’entreprises mutuelles et coopératives nous permettra de construire une Australie plus durable, prospère et inclusive».

Signe de l’importance grandissante des coopératives en tant qu’employeurs, le président du Conseil commercial, Andrew Crane (lui-même directeur général de la plus grande coopérative agricole australienne) a été nommé parmi les dirigeants industriels du B20, et conseille le gouvernement hôte australien pour le prochain sommet du G20. C’est la première fois qu’un dirigeant d’entreprise issu du monde coopératif participe à un organe consultatif de haut niveau de ce genre.

Les coopératives sont de gros employeurs


L’Alliance coopérative internationale (ACI) rappelle que les coopératives sont des employeurs majeurs, aussi bien dans les pays en développement que dans les économies développées.

Le rôle des coopératives – Instruments et indicateurs pour conjuguer croissance et développement durable

Cette conférence, accueillie par l’Alliance des coopératives d’Italie, en partenariat avec la Direction générale de la coopération au développement du ministère italien des Affaires étrangères, est le premier d’une série d’événements sur le rôle des entreprises coopératives dans la coopération internationale.
Mais quelle est la valeur ajoutée des coopératives en tant qu’employeurs? En plus de donner à chaque travailleur-membre une voix égale représentée par un vote, quel que soit le nombre de parts qu’il détienne, les coopératives ont fait preuve de leur résistance en période de crise économique, fournissant du travail que la conjoncture soit bonne ou mauvaise.

Aux Etats-Unis, 30 000 coopératives offrent plus de 2 millions d’emplois; en France, 23 000 coopératives emploient 1 070 000 personnes et au Kenya, 63 pour cent de la population travaillent dans des coopératives. A l’échelle mondiale, dans le seul secteur de l’assurance, un million de personnes sont employées par des compagnies d’assurance sous forme de coopératives ou de mutuelles appartenant à leurs membres.

De tout temps, les coopératives se sont plus facilement identifiées aux syndicats parce qu’elles se fondent sur la même idée d’organiser l’entraide collective, mais on les trouve aussi dans les rangs des associations d’employeurs en raison de leurs fonctions d’employeur.

Le modèle européen de dialogue social sectoriel entre partenaires sociaux offre un bon exemple. Dans le secteur bancaire, par exemple, il existe trois organisations d’employeurs, y compris l’Association européenne des banques coopératives (AEBC). Dans le dialogue professionnel bancaire, le syndicat UNI Europa siège aux côtés de l’Association des assureurs mutuels et coopératifs en Europe (AMICE), l’un des trois organismes d’employeurs reconnus.

Les coopératives sont des partenaires sociaux


Dans certains pays, les organisations coopératives peuvent adhérer à une organisation d’employeurs et leur rôle de partenaire social est reconnu soit officiellement soit de manière informelle par leur gouvernement. Au Viet Nam, l’organisation faîtière nationale, l’Alliance coopérative du Viet Nam est considérée comme la deuxième fédération d’employeurs, après la Chambre de commerce et d’industrie du Viet Nam.

Les coopératives peuvent améliorer la représentativité des organisations d’employeurs."
Emmanuel Julien, Département des entreprises de l’OIT
Ces dernières années, les deux organismes ont collaboré avec le ministère du Travail et la Confédération générale du travail du Viet Nam, ainsi qu’avec l’Organisation internationale du Travail, à la révision du Code du travail, à la réforme de la législation syndicale et à la fixation d’un salaire minimum. L’Alliance coopérative du Viet Nam a aussi pu contribuer à amender le droit des coopératives dans le pays, ce qui a été fait avec succès en 2012.

Emmanuel Julien, du Département des entreprises de l’OIT, soutient cette approche: «Les coopératives peuvent améliorer la représentativité des organisations d’employeurs. Elles incarnent des relations stables avec les communautés locales et les travailleurs, ce qui est susceptible de renforcer leur résistance à la crise.»

Il ajoute que les coopératives peuvent, en retour, bénéficier de l’intensification de leurs relations de travail avec d’autres formes d’entreprises et apprendre d’elles. «C’est un principe gagnant-gagnant», a-t-il conclu.