FEMME ET AGENT DE SÉCURITÉ EN OUGANDA

Date de parution: 20 décembre 2005 |

En Afrique, toutes les femmes travaillent, mais seule une minorité d’entre elles occupent un véritable emploi dans l’économie formelle. Même parmi celles-ci, rares sont celles qui peuvent conserver leur emploi lorsqu’elles ont un enfant, et encore moins prétendre à un congé de maternité. Pourtant, en Ouganda, un groupe de femmes employées comme agents de sécurité fait figure d’exception. Ce reportage de la télévision de l’OIT montre comment, dans un secteur où l’on est surpris de trouver des femmes au travail, la création d’un syndicat et l’instauration du congé de maternité se sont avérées être des initiatives positives tant pour l’employeur que pour ses employé(e)s.

Un garde ordonne: Garde-à-vous!

Le secteur de la sécurité privée est en plein essor sur le continent africain. En Ouganda, par exemple, 15 000 agents privés assurent la sécurité dans les villes. Certains d’entre eux sont des femmes.

C’est le cas de Jane, qui, après avoir dû démissionner de son emploi antérieur à la naissance de son fils, a retrouvé du travail chez Tight Security, une entreprise de sécurité privée de Kampala.

Mohamed Allibhai, Directeur général, propriétaire de l’entreprise Tight Security, Kampala, Uganda Private Security Association

Nous aimerions embaucher davantage de femmes comme agents de sécurité, mais, pour des raisons culturelles locales, la plupart d’entre elles refusent d’exercer un tel emploi.

Cela fait cinq ans maintenant qu’Evelyn Candiru travaille comme agent de sécurité pour Tight Security. Elle explique qu’elle a accepté ce travail contre la volonté de son mari, ce qui a d’ailleurs causé leur séparation.

Evelyn Candiru, agent de sécurité, Tight Security

J’aime beaucoup ce travail. Il faut dire que je suis de bonne constitution physique, alors c’est exactement le travail qui me convient.

Lorsqu’elle a su qu’elle était enceinte, Evelyn a eu peur de perdre son emploi. Mais, au lieu de lui demander de démissionner, son employeur lui a demandé… à quelle date elle devait accoucher, afin de calculer la période de son congé de maternité, conformément aux clauses de son contrat de travail.

Quarante-cinq jours après la naissance de son fils, Evelyn était de retour à son poste.

Kabagambe Sabastian, agent de sécurité, Tight Security

Je suis très heureux que mes collègues femmes bénéficient désormais du congé de maternité.

… Si les employés de Tight Security ont réussi à faire valoir leurs droits auprès de leur employeur, c’est aussi grâce à l’aide de l’OIT.

M. Allibai, propriétaire de Tight Security, Uganda Private Security Association

Depuis l’introduction de ces changements, nous n’avons plus une image négative des syndicats, du ministère du Travail ou des inspecteurs du travail… nous avons été bien conseillés et, à présent, l’entreprise marche beaucoup mieux.

Kabagambe Sabastian, agent de sécurité, Tight Security

Maintenant, les employés ont droit à la parole. Si l’on a un problème, on n’a qu’à lever la main et en parler au chef du personnel ou même au directeur général.

Et ce n’est pas tout: Tight Security forme des femmes, comme Jane et Evelyn, pour qu’elles deviennent chefs d’équipe. De plus, l’entreprise emploie déjà vingt-cinq femmes à des postes de cadres.

Joseph Kevin Katende, coordinateur du programme national, Projet Slaria de l’OIT

La direction de Tight Security ne critique plus les syndicats, car maintenant elle les considère comme de véritables partenaires.

Pendant qu’elle travaille, Evelyn confie son petit Moïse à sa famille dans son village… une vingtaine de personnes en tout, qui comptent sur son soutien financier.

Evelyn rêve de pouvoir un jour aider sa famille à monter un petit magasin, mais, en attendant, tout ce qu’elle souhaite, c’est que son fils soit bien nourri et que, plus tard, il puisse aller à l’école.