Travail forcé

L'UE et la Suisse se mobilisent contre la traite des êtres humains

PODCAST:Le 18 octobre, l’Union Européenne marque la journée contre la traite des êtres humains, alors que la Suisse lance une semaine sur ce même thème. Les événements ont pour but d'attirer l'attention sur ce phénomène souvent qualifié d’esclavage moderne.

Audio | 16 octobre 2013
TRANSCRIPT: À travers le monde, près de 21 millions de personnes sont victimes de travail forcé - trompés, privés de leur liberté et exploités.

Cette pratique criminelle affecte toutes les régions du monde et de nombreux secteurs différents. Le travail forcé peut être utilisé, par exemple, pour produire du chocolat, des voitures, du tabac, des vêtements et de nombreux produits que l'on utilise tous les jours. Le travail forcé n'est pas loin de vous. Etes-vous sûr que le cuisinier dans ce petit restaurant que vous aimez, la dame qui nettoie la maison de votre voisin, ou les travailleurs sur le chantier de construction à côté de votre bureau aient accepté librement leur emploi?

La sensibilisation à ce qui est souvent qualifié d'esclavage moderne est cruciale pour parvenir à l’éradiquer.

C'est pourquoi la Suisse a décidé de tenir sa première semaine annuelle contre la traite des êtres humains à partir du 18 octobre, date de la journée européenne de lutte contre la traite.

Une conférence, des tables rondes, des expositions et d'autres événements mettront l'accent sur le fait que le travail forcé n'est pas quelque chose qui arrive seulement dans les pays en développement.

En effet, dans la seule Union Européenne, environ 880.000 personnes sont victimes du travail forcé, selon les estimations de l’OIT. Cela représente 1,8 personnes sur 1000.

Les victimes sont souvent parmi les groupes de population les plus vulnérables, explique Aurélie Hauchère Vuong du Programme d'action spécial de l'OIT pour combattre le travail forcé

«Les victimes viennent souvent de groupes minoritaires ou socialement exclus, beaucoup sont des migrants en quête de travail. Les travailleurs finissent souvent en travail forcé parce qu'ils ont été trompés au sujet de leurs conditions de travail, ou parce qu’ils ont étés piégés dans un cercle vicieux d’endettement, ou encore parce que leurs papiers d'identité ont été confisqués .
Les victimes travaillent souvent dans des endroits cachés ou éloignés comme les résidences privées, les ateliers clandestins, les discothèques ou les champs agricoles, que ce soit dans l' économie formelle ou informelle. "

Au cours des dernières années, il y a eu une reconnaissance croissante de l'importance de mesures visant à dissuader les auteurs potentiels et à renforcer l ‘application de la loi.

Mais, alors que la plupart des pays ont adopté des lois criminalisant le travail forcé, l'application reste trop faible pour avoir un effet dissuasif, ce qui conduit parfois à l'impunité ou à des peines légères telles que des amendes ou des peines de prison avec sursis.

« La poursuite des auteurs demeure inadéquate - ceci doit changer. Il est nécessaire de prendre des mesures contre cette violation des droits humains les plus élémentaires. Nous devons faire preuve d’une tolérance zéro. Il est choquant que la traite des êtres humains continue de nos jours et que des millions d'hommes, de femmes et d'enfants soient victimes de coercition dans des emplois qu'ils ne peuvent quitter, dupés et pris au piège dans des conditions de travail inhumaines ».

L'OIT estime que le travail forcé peut être éradiqué. Mais la lutte doit être intensifiée afin que cet objectif puisse être atteint dans un futur proche.
Patrick Moser à l'OIT