Notre impact, leur histoire

Le dialogue social, c’est gagnant-gagnant en temps de crise

Le dialogue social constitue un élément stratégique essentiel permettant aux employeurs comme aux travailleurs de trouver des solutions qui permettent à tous de sortir gagnants. En Indonésie, l’une des entreprises qui participent au programme «Better Work Indonesia» (BWI) met en avant les avantages tirés du dialogue social aussi bien pour le bien-être des travailleurs que pour la pérennité de l’entreprise.

Article | Bogor, West Java, Indonesie | 5 mai 2021
Les travailleurs doivent respecter les protocoles sanitaires pour évoluer au sein de lieux de travail plus sûrs.
BOGOR, Indonésie (OIT Infos) – Il est 10 heures du matin à la pendule murale de l’entreprise de chaussures en cuir PT Sepatu Mas Idaman (SEMASI), située à Bogor, au Java occidental. Mario Prostasius, responsable de la Fédération indonésienne des syndicats des travailleurs de la métallurgie, entame sa visite matinale dans toutes les unités de production de l’usine. Il a commencé ces visites depuis le déclenchement de la pandémie de COVID-19 afin de s’assurer des conditions de sécurité de tous les travailleurs de l’usine.

«Nous n’avons jamais vécu une telle épidémie et nous devons continuer à produire dans l’intérêt à la fois des travailleurs et de la direction. C’est la raison pour laquelle l’une des mesures sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord consiste justement à effectuer ce genre de visites tous les matins afin de s’assurer de la bonne application des protocoles sanitaires», affirme Mario.

Nous n’avons jamais vécu une telle épidémie et nous devons continuer à produire dans l’intérêt à la fois des travailleurs et de la direction. C’est la raison pour laquelle l’une des mesures sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord consiste justement à effectuer ce genre de visites tous les matins afin de s’assurer de la bonne application des protocoles sanitaires.»

Mario Prostasius, Responsable de la Fédération indonésienne des syndicats des travailleurs de la métallurgie
S’assurer que les 1600 ouvriers respectent bien les protocoles sanitaires est l’une des mesures décidées conjointement par la direction et les travailleurs. Lorsque le COVID-19 a frappé l’Indonésie en mars 2020, PT SEMASI, en tant que fabricant de chaussures tourné vers l’exportation, a enregistré une très forte baisse de ses commandes (jusqu’à moins 70 pour cent). Alors que l’on était au bord de la fermeture, la direction et les représentants des travailleurs se sont réunis et ont décidé d’éviter les licenciements.

Il y a eu également réconciliation entre les représentants des travailleurs. Les deux syndicats présents au sein de l’entreprise, la Fédération indonésienne des syndicats des travailleurs de la métallurgie et le Syndicat des travailleurs indépendants se sont mis d’accord pour travailler ensemble afin d’optimiser les solutions pour survivre à la pandémie.

«Il n’a pas été facile d’aboutir à un accord. Chacun d’entre nous avait sa position. Cependant, pour assurer la pérennité de l’entreprise ainsi que les moyens de subsistance de tous les travailleurs et de leurs familles, nous nous sommes mis d’accord afin de mettre de côté nos différences pour dialoguer et trouver les meilleures solutions», explique Iwan Ridwan, responsable du Syndicat des travailleurs indépendants.

Par le dialogue et la négociation, les travailleurs ont accepté l’offre de chômage partiel indemnisé proposée par l’entreprise en attendant l’amélioration des conditions économiques et le retour des commandes de la part des acheteurs. «Nous avons examiné et étudié minutieusement différents scénarios. A ce moment-là, le chômage partiel indemnisé était la meilleure solution à la fois pour l’entreprise et pour les travailleurs», poursuit Mario.

Nous ne pouvons pas agir seuls. Nous devons travailler main dans la main pour lutter contre la pandémie en évitant la transmission et en assurant un environnement de travail sain.»

Henry Listiandry, Directeur du département des Ressources humaines et des Affaires générales de PT SEMASI
En tant qu’entreprise faisant partie du programme de l’OIT Better Work Indonesia (BWI), le dialogue social n’est pas une nouveauté pour PT SEMASI. Elle comprend les avantages qu’elle peut tirer du dialogue social et de la coopération entre le personnel et la direction. Avec d’autres entreprises du programme, PT SEMASI a participé à plusieurs formations virtuelles et à des séminaires sur l’importance de la communication sur le lieu de travail, sur les négociations et sur l’autonomisation. Ces formations et ces soutiens divers existent depuis plusieurs années.

«Nous avons facilité un engagement conjoint signé par les organisations de travailleurs et d’employeurs qui s’intitule Collaboration to Protect Safety and Health, Business Sustainability and Welfare of Workers/Labour in the Export-Oriented Garment/Footwear Sectors in Indonesia (Collaboration visant à protéger la sécurité et la santé, la pérennité des entreprises et le bien-être des travailleurs dans les secteurs de l’habillement et de la chaussure orientés à l’exportation en Indonésie). Cet accord a pour objectif de soutenir le dialogue social en matière d’emploi et de continuité des entreprises. A travers le dialogue social, nous croyons que des solutions plus complètes, plus facilement acceptées et plus ajustées peuvent être trouvées au bénéfice à la fois des travailleurs et des employeurs», souligne Maria Vasquez, Conseillère technique principale du programme BWI.

A travers le dialogue social, nous croyons que des solutions plus complètes, plus facilement acceptées et plus ajustées peuvent être trouvées au bénéfice à la fois des travailleurs et des employeurs.»

Maria Vasquez, Conseillère technique principale du programme BWI
Depuis, l’usine s’est remise à tourner petit à petit mais la coopération entre le personnel et la direction continue. En complément des visites quotidiennes, les représentants des travailleurs utilisent une application mobile de messagerie afin de continuer à prêter une oreille attentive et à collecter les opinions et les retours des employés. Parmi les suggestions, certains proposent un réajustement de la production afin de bien assurer la distance physique, l’installation de lave-mains et le port du masque.

Henry Listiandry, Directeur du département des Ressources humaines et des Affaires générales de PT SEMASI, mesure bien l’engagement des syndicats pour soutenir la pérennité de l’entreprise, pour améliorer la productivité et maintenir des conditions satisfaisantes de sécurité et de santé au travail. «Nous ne pouvons pas agir seuls. Nous devons travailler main dans la main pour lutter contre la pandémie en évitant la transmission et en assurant un environnement de travail sain», déclare-t-il.

La pendule murale affiche à présent 11 heures du matin. Une heure a passé et Mario effectue toujours sa visite. Parfois, il s’arrête pour demander aux travailleurs de garder leurs distances ou encore il leur rappelle les protocoles sanitaires, il écoute leurs demandes et il prend note de ce qu’ils ont à dire. «C’est le prix à payer. Les travailleurs doivent être en bonne santé et être productifs alors qu’en même temps, l’usine doit continuer à opérer et à produire», conclut-il.

BWI est un partenariat entre l’Organisation internationale du Travail (OIT) et la Société financière internationale (IFC). Il a pour objectif d’améliorer le respect du code du travail au niveau national et des normes internationales du travail ainsi que de promouvoir la compétitivité dans les chaînes d'approvisionnement mondiales du textile.