Les médias sociaux, porte-voix des communautés indigènes

Le 9 août marque la Journée internationale des peuples autochtones et cette année le thème est «Les médias autochtones : pour permettre aux voix autochtones de s’élever». OIT Info s’intéresse au rôle grandissant que jouent les médias sociaux et à la résistance de la radio au sein de ces communautés.

Reportage | 9 août 2012

GENÈVE (OIT Info) – Avec près de la moitié des populations indigènes vivant en milieu urbain – où la connexion avec le monde en réseau est comparativement aisée – les médias numériques jouent un rôle croissant dans la promotion de leurs droits.


Karmen Ramirez Boscán
«Grâce à internet, cela ne prend que deux secondes pour que les nouvelles concernant les communautés indigènes se propagent d’un bout à l’autre de la planète», déclare Karmen Ramirez Boscan, qui gère le site web communautaire www.indigenousportal.com.

«C’est important, pas seulement pour que les différents groupes autochtones communiquent et échangent des idées, mais aussi pour les alerter au cas où les droits d’une communauté particulière seraient menacés», ajoute Mme Ramirez Boscan, qui a grandi dans la communauté Wayuu, l’un des 120 groupes indigènes de Colombie.

Graphiste, elle vit maintenant à Berne, en Suisse, où elle gère le site à titre bénévole.

«Les informations présentes sur notre site web sont produites par les populations autochtones elles-mêmes. Nous avons un rédacteur pour chaque région du monde. Nos reportages sont traduits en cinq langues», explique-t-elle.

Elle affirme qu’il y avait besoin d’un média géré par des indigènes. «La plupart des reportages sur les peuples autochtones diffusés par les médias traditionnels sont soit inexacts soit biaisés parce qu’ils ne comprennent pas notre culture et nos traditions», constate-telle.

Cependant, trouver des journalistes expérimentés au sein des communautés indigènes n’est pas facile. «Mais nous réussissons quand même à obtenir des reportages de qualité. Par exemple, il y a quelques mois, nous avons commencé à confier des petites caméras vidéo à des communautés isolées et elles nous ont envoyé des images vidéo qui en disent long, tant sur les problèmes qu’elles rencontrent que sur leurs réussites.»

Le site web dispose de sa propre page Facebook mais pas encore de compte Twitter: «Cela prend du temps d’être sur les réseaux sociaux et je veux d’abord me concentrer sur le site web», explique-t-elle.

Les droits des travailleurs dans leur propre langue

Les médias sociaux connaissent une percée parmi les populations indigènes, au moins chez ceux qui ont accès à internet et aux technologies modernes. De nombreux dirigeants communautaires et défenseurs des droits des indigènes utilisent Twitter comme méthode pour attirer l’attention d’un plus large public, au-delà de leurs communautés.

«Les médias sociaux sont un excellent outil pour échanger des expériences entre communautés, mais l’accès aux technologies pose encore problème», affirme le Chef Wilton Littlechild, président du Mécanisme des experts de l’ONU sur les droits des peuples autochtones.

Le Chef Littlechild – un dirigeant de la communauté Crie de l’Ouest du Canada – insiste pour que l’expansion des médias sociaux s’accompagne d’un développement supplémentaire des stations de radio communautaires qui diffusent habituellement dans la langue indigène locale. Ces radios FM peuvent apporter les nouvelles aux personnes vivant dans des zones reculées, qui ont parfois un niveau d’instruction très limité et n’ont accès ni à un ordinateur ni à un téléphone portable évolué.

Les médias communautaires, qu’ils soient démodés ou du dernier cri, sont des outils essentiels pour instruire les peuples indigènes sur leurs droits – y compris leurs droits au travail – dans leur propre langue.

La convention (n° 169) de l’OIT relative aux peuples indigènes et tribaux, 1989, souligne l’importance des droits relatifs à l’éducation et aux moyens de communication, comme moyen d’autonomiser les communautés indigènes.

Contact: Les journalistes qui souhaitent obtenir de plus amples informations peuvent s’adresser au porte-parole du BIT, Hans von Rohland au +4122/799-7916 ou rohland@ilo.org