Programme par pays de promotion du travail décent

Travail décent en Inde - Le triomphe de l’esprit d’entreprise: l’histoire de Sitabai

Le mois dernier, les partenaires tripartites de l’OIT en Inde – gouvernement, employeurs et travailleurs – ont formellement adopté un Programme par pays de promotion du travail décent (PPTD) pour l’Inde. Le nouveau programme sera axé sur l’amélioration des possibilités de travail productif pour les hommes et les femmes, en particulier pour les jeunes et les groupes vulnérables. L’expérience d’une travailleuse de la province du Madhya Pradesh témoigne de ce que veut dire l’Agenda pour le travail décent de l’OIT pour les travailleurs de ce vaste pays.

Article | 9 mars 2010

NEW DELHI (BIT en ligne) – Comme la plupart des paysans sans terre, dans leur petit village de la province du Madhya Pradesh, en Inde centrale, Sitabai et son mari luttaient chaque jour pour leur survie. Le travail était rare et chichement rémunéré. Continuer à scolariser leurs enfants était un défi. Puis, grâce à la rencontre de Bharatkumar, un administrateur de terrain de l’OIT, leur vie a changé.

Un groupe appelé Srujan Mahila Vikas Association (SRUJAN) aidait les femmes défavorisées comme elle à trouver des opportunités de travail décent en leur offrant une formation qualifiante appropriée. Au Centre d’information des travailleurs géré par le syndicat, Sitabai s’est renseignée sur les différents programmes de formation et a opté pour un cours de couture. Parallèlement, elle a développé un vif intérêt pour les autres activités du syndicat et s’est inscrite dans un groupe d’entraide.

Très vite, elle a eu suffisamment confiance en elle pour lancer sa propre affaire. Avec un prêt de 5 000 roupies (110 dollars) du groupe d’entraide, elle a acheté une machine à coudre. Son activité a pris de l’ampleur, elle a appris la comptabilité et les relations avec la clientèle et a même pu anticiper l’échéance de remboursement de son prêt.

SRUJAN a conclu un partenariat avec le Bureau des activités pour les travailleurs du BIT dans le cadre du projet «Organiser et émanciper les travailleuses de l’économie informelle» afin de traiter les problèmes des travailleuses non syndiquées et de les sensibiliser à leurs droits. Le projet, financé par le gouvernement de Norvège, dispense une formation qualifiante aux femmes et les aide à développer des activités génératrices de revenus et à accéder aux programmes d’emploi gouvernementaux, faisant ainsi la promotion de l’Agenda de l’OIT pour le travail décent jusque dans les villages les plus reculés.

Favoriser de meilleurs débouchés pour le travail productif des hommes et des femmes et particulièrement celui des jeunes et des groupes vulnérables, grâce au développement des qualifications, figure parmi les priorités essentielles du Programme par pays de promotion du travail décent pour l’Inde. Le PPTD traduit les besoins spécifiques des pays à titre individuel, tels qu’identifiés par les mandants tripartites et le BIT – en activités opérationnelles à l’échelle du pays.

Le Programme par pays de promotion du travail décent pour l’Inde est de très loin le plus vaste et le plus étendu des PPTD que le BIT et les partenaires sociaux aient lancé dans un pays jusqu’à présent. Avec une population de plus d’un milliard d’habitants, l’Inde est la plus grande démocratie au monde et l’une de ses plus puissantes économies. Cependant, alors que l’Inde est en passe de devenir un acteur de premier plan dans l’économie mondiale au cours des vingt prochaines années, elle fait encore face à des défis: près de 28 pour cent des 450 millions de travailleurs du pays par exemple vivent encore en dessous du seuil de pauvreté, pour la plupart dans les zones rurales.

Le PPTD en Inde couvre une période de cinq ans, alignée sur celle du 11e plan quinquennal de l’Inde. Il est assorti d’un délai, d’une obligation de résultats et de priorités. Ce programme conjoint va mettre les connaissances et les instruments de l’OIT au service des mandants, des décideurs politiques et d’autres acteurs concernés afin de faire progresser la vision de l’Inde d’une croissance plus rapide et qui profite à tous. Le plan reconnaît les femmes comme des citoyennes égales aux hommes et des agents du développement économique et social, dotés d’une autonomie de prise de décision. Le PPTD doit être mis en œuvre grâce à un partenariat entre les partenaires sociaux.

Le portefeuille actuel de coopération technique de l’OIT en Inde couvre une grande variété de thèmes, de l’emploi au renforcement des compétences, de la sécurité sociale à la lutte contre le travail des enfants, du VIH/sida à l’endettement des familles. Il accorde une place particulière à l’économie informelle, aux femmes et aux groupes vulnérables, aux secteurs qui ont besoin d’être revitalisés et/ou qui ont un potentiel d’emploi, et au dialogue social entre le gouvernement et les organisations d’employeurs et de travailleurs.

Avec des ressources nationales disponibles à tous les niveaux, le portefeuille favorise les mécanismes de partenariat et promeut le rôle de l’OIT comme catalyseur, facilitateur et pôle de connaissances pour un apprentissage mutuel entre les pays et à l’intérieur d’eux. Le travail décent est au cœur des stratégies de l’OIT en faveur du progrès économique et social, au centre des efforts déployés pour réduire la pauvreté et le moyen de parvenir à un développement équitable, durable et qui n’abandonne personne en chemin.

«L’économie indienne est maintenant parvenue à un stade où elle peut poursuivre une expansion économique qui permette d’améliorer considérablement la vie de personnes comme Sitabai», explique André Bogui, directeur par intérim du Bureau sous-régional de l’OIT pour l’Asie du Sud. «Le programme par pays de promotion du travail décent en Inde va renforcer nos partenariats et changer la vie des gens, en particulier celle des plus défavorisés.»

La famille de Sitabai a fait du chemin depuis l’époque de la pénurie. De meilleurs revenus ont permis à la famille d’élever son niveau de vie. Ses enfants sont maintenant scolarisés dans un bon établissement privé. Après avoir réglé ses dépenses quotidiennes, Sitabai réussit à épargner une petite somme en prévision des besoins à venir de sa famille.

«Grâce à SRUJAN et au projet de l’OIT, nous nous en sortons bien et les enfants reçoivent une bonne éducation», conclut-elle.