Journée mondiale contre la traite des êtres humains

Guy Ryder: "La traite n’est pas une pratique d’un autre âge"

Déclaration | 30 juillet 2014
Cette première Journée mondiale contre la traite des êtres humains nous renvoie à une révoltante réalité: la traite n’est pas une pratique d’un autre âge.

Selon les estimations les plus récentes du BIT, chaque année des profits d’une valeur de 150 milliards de dollars E. U. sont illégalement obtenus aux dépens de 21 millions d’hommes, de femmes et d’enfants astreints à différentes formes de travail forcé. Quatre-vingt-dix pour cent des victimes sont exploitées par des particuliers ou des entreprises privées qui opèrent en dehors de tout cadre légal; les dix pour cent restants le sont par des autorités de l’Etat.

En juin 2014, à la 103e session de la Conférence internationale du Travail de l’OIT, les mandants tripartites de l’Organisation – les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs de 185 Etats Membres –, conscients de l’impérieuse nécessité d’agir dans ce domaine, ont adopté un nouveau protocole juridiquement contraignant, complété par une recommandation, en vue d’intensifier les efforts déployés à l’échelle mondiale pour éliminer le travail forcé et la traite des personnes.

Le nouveau protocole fait entrer la Convention de l’OIT nº 29 sur le travail forcé, adoptée en 1930, dans l’ère moderne: il s’attaque à des pratiques telles que la traite et créé de nouvelles obligations en ce qui concerne la protection, la prévention et les mécanismes de recours et de réparation, y compris l’indemnisation. La recommandation qui l’accompagne fournit des orientations techniques aux fins de sa mise en œuvre. Le protocole réaffirme l’obligation de punir les individus qui ont recours au travail forcé et de mettre fin à l’impunité qui règne encore dans de trop nombreux pays.

Le protocole et la recommandation soulignent également la complémentarité de tous les droits fondamentaux au travail, notamment l’importance de la liberté syndicale. Des travailleurs libres de s’organiser sont mieux à même de lutter activement contre la traite.

En cette journée importante, nous exhortons les Etats Membres à passer à l’étape suivante et à ratifier rapidement le nouveau protocole. Nous invitons tous ceux qui souhaitent en finir avec la traite des personnes à œuvrer en faveur de la ratification du protocole et à contribuer à son application effective.

Notre engagement collectif n’a de sens que s’il est suivi d’effet – espérons que dans les années à venir cette journée sera l’occasion pour nous de célébrer les progrès accomplis et, enfin, l’aboutissement de nos efforts lorsque la traite des personnes ne sera plus qu’une pratique d’un autre âge.