Journée Mondiale de l'Enfance

Quand mes parents ont perdu leurs terres, j'ai dû quitter l'école et aller travailler

L'Organisation Internationale du Travail a l'un des plus grands programmes au monde de lutte contre le travail des enfants. Lisez l'histoire d'un jeune garçon qui a été contraint de travailler lorsque sa famille a connu des moments difficiles.

Reportage | 20 novembre 2020
Je m'appelle Idrissa Kaboré. J'ai 12 ans et je vis à Nidrou, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire.

J'aimais aller à l'école et depuis que je suis petit, je veux devenir un grand fonctionnaire. Je voulais devenir ministre.

Les pauses étaient mes préférées. J'aimais jouer dehors avec mes camarades d'école, Johan et Claver. Après les cours, je retournais à la maison pour aider ma mère, faire la vaisselle et ramasser du bois de chauffage.

C'était agréable de faire mes devoirs avec mon père le soir quand il revenait du champ. Il veillait à ce que nous nous couchions tôt pour pouvoir nous réveiller à l'heure pour l'école.

Mais mon père a perdu son champ parce qu'il ne pouvait plus rembourser le prêt qu'il avait contracté pour acheter le terrain. J'ai donc dû quitter l'école.

Mes amis et moi allions chercher de petits boulots dans les champs de parents et d'amis de la famille. Nous gagnions 1 000 francs CFA (environ 1,50 euro) à nous quatre, soit 250 francs CFA chacun.

Lorsque les écoles ont fermé sous les restrictions COVID-19, la plupart de mes camarades de classe nous ont rejoints dans la recherche d'un travail quotidien dans les champs. Leurs parents avaient eux aussi perdu leurs moyens de subsistance.

Le soir, peu d'entre nous pouvaient encore se permettre le luxe de jouer sur le terrain de football du village ou d'aller nager avec des amis dans la rivière.

Nous avons travaillé dur du matin jusqu'à la fin de l'après-midi, en revenant fatigués. J'avais mal au dos et des ampoules sur les mains. Seule ma petite sœur de cinq ans a été épargnée.

Mais j'ai eu de la chance car mon père a réussi à mettre de l'argent de côté pour couvrir mes frais de scolarité et quand les écoles ont rouvert, j'ai pu y retourner.

Mes amis, Johan et Claver, n'ont pas eu cette chance. Ils travaillent toujours dans les champs, ils peuvent donc aider leurs parents à subvenir aux besoins de leur famille.

L'OIT et le travail des enfants en Afrique 

L'Afrique a la plus forte prévalence du travail des enfants, tant en chiffres absolus qu'en pourcentage, avec l'équivalent de 72 millions d'enfants qui travaillent.

Le projet Accel Africa de l'Organisation Internationale du Travail travaille dans six pays pour lutter contre le travail des enfants dans les secteurs de l'agriculture et des produits minéraux, notamment le cacao, l'or, le coton, le café et le thé.

En 2020, la Convention de l'OIT sur les pires formes de travail des enfants a été universellement ratifiée. C'est une étape positive, déclare Cynthia Samuel Olonjuwon, directrice régionale de l'OIT pour l'Afrique. Mais il faut faire plus pour aider des enfants comme Idrissa, Johan et Claver à avoir des chances d'avoir une vie meilleure.