Année internationale pour l'élimination du travail des enfants — Au-delà des engagements

Un entretien avec Mme Cynthia Samuel-Olonjuwon, sous-directeur général de l'OIT et directeur régional pour l'Afrique, à l'occasion du lancement de l'Année internationale pour l'élimination du travail des enfants, qui a eu lieu le 21 janvier 2021.

Actualité | 21 janvier 2021
Cynthia Samuel-Olonjuwon, sous-directeur général de l'OIT et directeur régional pour l'Afrique
Pourquoi 2021 est-elle une année importante ?

Avec l'adoption de la résolution 72/327 des Nations unies en 2017, l'année 2021 a été déclarée "Année internationale pour l'élimination du travail des enfants" par les États membres des Nations unies, renouvelant ainsi leur engagement à accélérer les actions visant à éliminer le travail des enfants. C'est l'occasion de traduire nos engagements en actions, en définissant des étapes annuelles réalisables. C'est une occasion d'apprécier les progrès réalisés, tout en partageant les connaissances tirées de la mise en œuvre des programmes avec d'autres parties prenantes.

Je pense que l'impact des actions visant à accélérer l'élimination du travail des enfants en 2021 contribuera à accélérer les progrès vers la réalisation de l'objectif des SDG visant à éliminer le travail des enfants d'ici 2025. En outre, il créera une dynamique qui entraînera des changements positifs jusqu'en 2025. En 2021, les parties prenantes prendront des mesures, tireront des enseignements de l'expérience des autres et intensifieront leurs interventions par des approches novatrices.

Qu'est-ce que cela signifie pour l'Afrique ?

19,6 %, soit un cinquième de l'ensemble des enfants africains, travaillent et 9 % d'entre eux sont exposés à des risques. En termes absolus, on estime à 72,1 millions le nombre d'enfants africains qui travaillent, dont 31,5 millions dans des conditions dangereuses.

Nous avons observé, à partir des statistiques disponibles, que le travail des enfants a augmenté en Afrique subsaharienne entre 2012 et 2016, contrairement aux progrès continus enregistrés ailleurs dans le monde. Et ce, malgré les politiques ciblées mises en œuvre par les gouvernements africains pour lutter contre le travail des enfants. Cela montre que la poursuite du statu quo ne permettra pas de combler ce déficit de développement fondamental.

Pour relever ce défi important, nous sommes très heureux que les parties prenantes en Afrique aient élaboré des approches et des cadres stratégiques pertinents pour accélérer les actions contre le travail des enfants.

Aida, une jeune apprenante à Abidjan ©ILO

Dans le cadre de leurs engagements pour 2021, des pays comme le Nigeria, la Tunisie et l'Afrique du Sud ont identifié des étapes prioritaires à franchir cette année afin de réaliser des progrès importants sur le continent, les engagements des autres pays devant être annoncés d'ici le 30 mars.

En outre, le plan d'action décennal continental de l'Union africaine est un excellent outil adopté par l'Union africaine pour aider les parties prenantes à atteindre les résultats souhaités en 2021 et au-delà.

Il s'agit d'actions spécifiques, que les parties prenantes se sont engagées à mener afin d'accélérer et de réaliser de réels progrès en stimulant l'action et en ouvrant la voie à l'élimination du travail des enfants d'ici 2025.

Que pouvons-nous faire collectivement ?

L'Année internationale pour l'élimination du travail des enfants est un appel à aller au-delà des engagements et à passer à l'action. Lancé lors de la Conférence mondiale sur le travail des enfants de 2017, le concept d'engagements de cette année signifie que l'on prend des engagements pour une mise en œuvre efficace, que l'on s'appuie sur les efforts précédents, que l'on mène des actions, que l'on partage des expériences et que l'on donne une impulsion

Nous invitons toutes les parties prenantes telles que les gouvernements, les organisations de travailleurs et d'employeurs, la société civile, les institutions universitaires, le secteur privé, les organisations internationales, les organisations régionales et même les particuliers à proposer des actions spécifiques, qui contribuent à mettre fin au travail des enfants et qui peuvent être réalisées d'ici décembre 2021.

Je vous invite à participer à l'élimination du travail des enfants dans nos communautés, nos lieux de travail, nos foyers, en consommant de manière responsable, en collectant des fonds, en soutenant les actions des gouvernements et en faisant connaître au monde vos engagements d'action sur les médias sociaux.

Quelles sont les prochaines etapes ?

L'Année internationale pour l'élimination du travail des enfants donnera un élan à la cinquième conférence mondiale sur le travail des enfants qui sera accueillie par l'Afrique en 2022. Elle aura lieu en Afrique du Sud, où les parties prenantes partageront leurs expériences et prendront des engagements supplémentaires pour mettre fin au travail des enfants sous toutes ses formes d'ici 2025, et au travail forcé, à la traite des êtres humains et à l'esclavage moderne d'ici 2030. Le dialogue commence aujourd'hui !