Travail des enfants

L’OIT en synergie d’action avec le gouvernement pour la promotion de mécanismes de protection sociale au service de l’élimination du travail des enfants en Côte d’Ivoire

« Contribution de la Protection sociale dans la réduction du travail des enfants ». C’est sous ce thème que la Côte d’Ivoire a officiellement organisé le 3 août 2022, la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants (JMTE) avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers dont l’Organisation internationale du Travail (OIT).

Article | 5 août 2022
Abidjan (Nouvelles de l’OIT) – L’objectif de cette célébration est de mettre les enfants à l’abri des vulnérabilités et du travail des enfants en s’attaquant aux causes profondes de ces phénomènes à travers les mécanismes de protection sociale mis en place par le Gouvernement.
Dominique Ouattara, première dame de Côte d’Ivoire avec des enfants partageant un sourire pour un avenir sans travail des enfants
Cette 21-ème édition de la JMTE a été l’occasion pour les acteurs agissant dans ce secteur de présenter la contribution des mécanismes de protection sociale dans les politiques de lutte contre le travail des enfants; de partager les expériences ; de présenter les mécanismes de protection sociale mis en place par le Gouvernement ivoirien et leur potentiel impact sur la réduction du phénomène du travail des enfants ; d’identifier les défis liés à la mise en œuvre d’une protection sociale hardie susceptible de réduire le travail des enfants en Côte d’Ivoire ; et surtout de mettre en évidence le rôle du Corps Préfectoral dans la mise en œuvre de la politique sociale au niveau local.

La lutte contre le travail des enfants : un devoir de chacun

En sa qualité de marraine de cette cérémonie, la première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara a appelé à une synergie d’action pour venir à bout du travail des enfants dans le pays. Pour Mme Ouattara, « la lutte contre le travail des enfants est un devoir qui incombe à chacun de nous, car c'est un fléau dont les conséquences sociales et économiques sont dramatiques parce que compromettant la durabilité des chaînes d'approvisionnement de nos matières premières ».
Pour elle, « le travail des enfants résulte d'un ensemble de facteurs socio-économiques, qui fragilisent les familles et exposent les enfants aux risques d'exploitation. La réponse la plus adéquate à ce phénomène est donc d'agir selon les causes profondes afin d'épargner les enfants ».
Cette journée vient à point nommé, a révélé la première dame en ce sens qu'elle permet de faire l'état des lieux des efforts réalisés dans le cadre de la protection sociale en Côte d’Ivoire.
« La précarité sociale et économique des familles les expose à ce fléau » at-elle souligné avant de rappeler les mécanismes de prévention mis en œuvre qui ont permis à ce jour de « secourir plus de 500.000 enfants en détresse depuis 2012 à travers la construction de centres d'accueil pour la prise en charge des enfants vulnérables par la Fondation Children Of Africa.
L’épouse du chef de l’Etat a en outre insisté sur l’importance du rôle des Préfets dans la lutte contre ce phénomène. « Votre rôle est fondamental dans la lutte menée par notre pays contre le travail des enfants. Car, votre connaissance du terrain et votre proximité avec les populations constituent nos atouts pour la réussite de nos actions ».

La protection sociale : un puissant outil de lutte contre le travail des enfants selon l’OIT

Dramane Batchabi, spécialiste de la protection sociale, au nom du directeur du bureau pays de l'OIT/Abidjan lors de son allocution
Représentant le Directeur du bureau pays de l’OIT à cette cérémonie, Dramane Batchabi, spécialiste de la protection sociale a quant à lui souligné l’importance de la protection sociale pour venir à bout du travail des enfants.
« Un système de protection sociale efficace est un puissant moyen, une meilleure réponse au travail des enfants » a martelé M. Batchabi indiquant que l’OIT à travers son projet ACCEL Africa, collabore avec la Caisse Nationale d’Assurance Maladie ( CNAM) pour tester un modèle visant à étendre la couverture maladie universelle (CMU) aux petits exploitants agricoles travaillant dans le secteur du cacao.
« La phase pilote mise en œuvre à M’batto et à Soubré a permis l’affiliation d’environ deux mille exploitants de cacao à la CNAM dont mille huit cents (1800) producteurs ont déjà reçu leurs cartes CMU et le modèle est en cours de duplication dans d’autres localités du pays à fort risque de travail des enfants » soutient Dramane Batchabi recommandant « d’adapter les outils et procédures des mécanismes de protection sociale aux caractéristiques des communautés à risque de travail des enfants ; de renforcer l’adéquation et la prévisibilité des prestations sociales ; de renforcer la disponibilité et la qualité des services de santé pour une efficacité du programme de CMU ; de tenir compte des implications potentielles sur le plan du travail des enfants dans la conception et la mise en œuvre des programmes de protection sociale et accroitre l’espace budgétaire consacré à la protection sociale en Côte d’Ivoire ».
Le ministre de l’Emploi et de la Protection Sociale et Président du Comité Interministériel de lutte contre la Traite, l’Exploitation et le Travail des Enfants (CIM) a salué les mécanismes de protection sociale mis en place par l’Etat ivoirien en vue de lutter contre la pauvreté, l’une des causes majeures du Travail des Enfants.
La première dame, Dominique Ouattara et le ministre de l’emploi et de la protection sociale suivant avec grand intérêt la cérémonie
Au titre de ces mécanismes, Adama Kamara a cité la CMU et le Régime Social des Travailleurs Indépendants (RSTI). Selon M. Kamara, « le gouvernement ivoirien a décidé d’accélérer la lutte contre le Travail des Enfants à travers la mise en œuvre du Plan d’Action National (PAN), la stratégie nationale du cacao durable et l’extension du Système d’Observation et de Suivi du Travail des Enfants en Côte d’Ivoire (SOSTECI) à l’ensemble du territoire national d’ici 2023.
Selon les dernières estimations du rapport conjoint OIT-UNICEF de juin 2021, ce sont 160 millions d’enfants qui sont impliqués dans le travail des enfants, et la cause principale de cette persistance reste la pauvreté. De plus, la pandémie de la COVID-19 et la crise socio-économique qui en a résulté, ont eu un impact considérable sur la vie et les moyens de subsistance de nombreuses familles.
Ainsi, pour inverser la tendance haussière actuelle du travail des enfants et d’après les estimations publiées conjointement par l’UNICEF et l’OIT, « la protection sociale se présente comme une composante essentielle de la réponse à apporter. C’est pourquoi, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale contre le travail des enfants 2022, l’OIT a choisi pour thème ; « La protection sociale universelle pour mettre fin au travail des enfants ».
Les préfets appelés à étendre le Système d'Observation et de Suivi du Travail des Enfants en Côte d'Ivoire (SOSTECI) sur toute l'étendue du territoire national