« 100 Ans – 100 Vies » | TANZANIE - “Aujourd’hui, je suis à mon compte et je sais comment me protéger du VIH”

En Tanzanie, un projet de l’OIT aide des femmes comme Angel Banda à gagner leur indépendance financière tout en les formant à la prévention du VIH.

Feature | Tanzanie | 15 August 2019
KYELA – A 18 ans, tout juste sortie de l’école, Angel Banda savait déjà ce qu’elle ne voulait pas. Elle avait vu beaucoup de ses camarades de classe nouer des relations avec des hommes beaucoup plus âgés qui pourraient financer leur logement ou leurs frais de scolarité – ou simplement leur donner un sentiment de sécurité et de stabilité. Bon nombre de ces relations ont confronté les filles à un risque élevé de violences et d’infections, comme le VIH.

Pour autant, Angel Banda ne se voyait pas travailler comme femme de ménage pour un homme qui pourrait lui faire des avances sexuelles. En fait, elle ne voulait pas dépendre d’un homme du tout.

Mais que pouvait-elle faire d’autre ? Sa ville natale n’offrait que peu de solutions ; elle a donc déménagé à près de 500 km, à Kyela, l’un des districts les plus au sud de la Tanzanie. Peut-être, là-bas, pourrait-elle réaliser son rêve de devenir coiffeuse.

« Je me baladais comme n’importe quelle fille qui ne sait quelle direction prendre », se souvient Angel Banda.

C’est alors qu’elle a entendu parler d’une formation pour l’autonomisation des femmes mise en place par l’OIT et par un organisme de santé à but non lucratif.

Entreprenariat et santé

Quelques semaines plus tard, elle a rejoint un programme de formation portant à la fois sur la prévention du VIH et du sida et sur l’entreprenariat. Ce programme a renforcé ses capacités et ses connaissances dans le domaine du commerce et du marketing, de la gestion financière, des questions d’égalité hommes-femmes et de la communication. Parallèlement, elle a aussi été formée à la prévention du VIH et des violences sexistes.

La jeune fille s’est associée à d’autres femmes de son âge pour constituer un groupe d’épargne et commencer à prendre sa vie en main sur le plan financier. Toutes les semaines, chaque membre du groupe versait 1 000 shillings – environ un demi-dollar.

La formation lui a permis de réaliser qu’elle souhaitait devenir entrepreneure. Forte de ses nouvelles compétences commerciales, elle a aussi bénéficié d’une subvention remboursable de l’OIT, qu’elle a obtenue dans le cadre d’un programme gouvernemental qui vient en aide aux jeunes, aux femmes et aux personnes handicapées.

Grâce à cela, elle a réussi à ouvrir un salon de coiffure dans son village et vit maintenant de manière indépendante à Kyela.

« Aujourd’hui, je suis à mon compte, je connais mon état de santé et je sais comment me protéger d’une contamination par le VIH. Je suis capable de gérer mon entreprise. C’est la formation que j’ai reçue qui a rendu cela possible », explique-t-elle.

35 000 femmes concernées

« Tout comme Angel Banda, plus de 35 000 femmes de trois régions de Tanzanie ont bénéficié d’une formation sur l’autonomisation économique et le VIH et le sida pour prendre le contrôle de leur vie », explique Gertrude Sima du bureau de l’OIT en Tanzanie.

Mme Sima estime qu’un tel projet sur l’autonomisation économique des femmes, associant la prévention du VIH, a toutes les chances de pouvoir être dupliqué dans d’autres régions du pays.

En Tanzanie comme dans de nombreux autres pays d’Afrique subsaharienne, de très nombreux jeunes gens ont encore du mal à accéder aux services de santé, phénomène souvent exacerbé par une situation sociale et économique difficile.

Selon l’enquête de 2016-2017 sur l’indicateur de VIH en Tanzanie, seuls 52,2 pour cent de la population vivant avec le VIH âgée de 15 à 64 ans connaissent leur séropositivité.

La Tanzanie a récemment lancé une campagne de dépistage du VIH à l’échelle nationale, qui devrait durer six mois, destinée à inciter tous les citoyens, surtout les hommes et les jeunes, à se faire dépister et à entamer un traitement précoce s’ils s’avèrent séropositifs.

« L’OIT va contribuer à cette initiative nationale de dépistage du VIH en encourageant le dépistage parmi les travailleurs difficiles à atteindre dans l’économie informelle, les travailleurs itinérants ou immigrés », a conclu Mme Sima.
 

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