Gouvernance de la migration de la main d’œuvre

AGRIDOM : un projet de l’OIT pour promouvoir le travail décent à travers le renforcement de la gouvernance de la migration de main d’œuvre dans les secteurs de l’agriculture et du travail domestique

Le projet de « renforcement de la migration de main d’œuvre dans les secteurs de l’agriculture et du travail domestique (AGRIDOM) » mis en œuvre par le Bureau international du Travail (BIT), a organisé du 21 au 22 avril 2022 à Assinie, un atelier de renforcement de capacités et de sensibilisation sur la gouvernance de la migration de la main d’œuvre avec un accent sur les Normes Internationales du Travail, le recrutement équitable et la protection sociale.

Article | 5 mai 2022
Marie Laure Dedoh Assirifix, coordinatrice nationale du projet AGRIDOM au bureau pays de l’OIT à Abidjan
Abidjan (Nouvelles de l’OIT) – Cet atelier à l’intention des mandants tripartites (gouvernement, et partenaires sociaux) et acteurs stratégiques des deux secteurs ciblés, vise à améliorer les connaissances des principales parties prenantes sur la gouvernance de la migration de main-d'œuvre.

Pendant deux jours, les participants ont été outillés, entre autres, sur la dynamique de la migration de main-d'œuvre en Côte d’Ivoire et dans la zone de la CEDEAO, la pertinence des normes internationales du travail pour faire progresser la protection des droits des travailleurs migrants, les étapes clés et le processus d'élaboration des politiques de migration de main-d'œuvre, les arrangements institutionnels ainsi que la protection et la promotion des droits des travailleurs migrants.

Cette première activité du projet a permis de développer les capacités des parties prenantes en Côte d’Ivoire, pour une gestion efficace du projet et l’atteinte des objectifs escomptés. D’autre part elle a permis de faire l’état des lieux sur la gouvernance de la migration de la main d’œuvre au niveau national afin de développer des synergies d’actions ». En 2017, près de 33% des migrant-e-s internationaux au sein de l’Afrique de l’Ouest se trouvaient en Côte d’Ivoire. Outre le secteur agricole, le commerce informel et les services, y compris le travail domestique, sont des sources importantes d’emplois pour les travailleur-euse-s migrant-e-s à destination de la Côte d’ivoire, dont 45% sont des femmes. Les participants ont relevé l’importance pour un pays comme la côte d’Ivoire, un pays de destination pour beaucoup de migrants de la sous-région, mais aussi pays d’origine de se doter d’une politique de migration de la main d’œuvre pour optimiser l’impact de la migration, mais aussi la protection des droits des travailleurs migrants à travers la ratification des conventions sur la migration.

Financé par la Coopération Suisse, le projet AGRIDOM, couvrant la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et la Guinée, vise à optimiser le potentiel de développement des travailleurs y compris les travailleurs migrants dans les secteurs agricole et du travail domestique à travers une migration plus équitable et un meilleur accès à des opportunités de travail décent.

AGRIDOM : un projet à trois objectifs immédiats

Marie Laure Dedoh Assirifix, coordinatrice nationale du projet AGRIDOM, met l’accent sur ses trois principaux objectifs.
D’abord, « AGRIDOM vise à améliorer les cadres politiques, règlementaires, et institutionnels des pays cibles, afin d'assurer une meilleure gouvernance de la migration de main d’œuvre et favoriser le respect des principes du travail décent dans les secteurs de l’agriculture et du travail domestique », explique -t-elle.

« Le deuxième objectif immédiat du projet, est de renforcer les dispositifs d’accompagnement des acteurs de l’économie informelle pour une meilleure inclusion des travailleurs y compris les travailleurs migrants.

Enfin, AGRIDOM vise la promotion de l’emploi décent et des moyens de subsistance pour les bénéficiaires directs du projet- les travailleurs de l’économie informelle y compris les travailleurs migrants à travers l'acquisition de nouvelles connaissances et compétences et des services de soutien ».

Le projet AGRIDOM intervient dans des contextes nationaux marqués par des marchés du travail, avec des taux élevés d’informalité.

La migration encadrée : un facteur de développement

La Suisse qui finance ce projet a dans le cadre de l’agenda 2030 et des Objectifs de Développement Durable (ODD) défini la migration comme thème prioritaire de sa stratégie de coopération internationale 2021-2024. « La Suisse est convaincue que la migration de travail, lorsqu’elle est encadrée, est un puissant facteur de développement. C’est pourquoi elle soutient ces initiatives innovantes pour ne laisser personne de côté dans la perspective de développement inclusive », a déclaré à l’ouverture de cette formation, Hinavako Laurence von Schulthess Rechberg de la coopération Suisse.

Le constat est clair selon la spécialiste ‘’migration et mobilité de la main d’œuvre’’ au bureau régional Afrique de l’OIT à Abidjan. « Le taux de ratification des conventions pertinentes pour une gestion efficace de la migration de la main d’œuvre ( a convention 97 sur les travailleurs migrants la convention 143 relative aux dispositions complémentaires sur les travailleurs migrants ; la convention 181 sur les agences privés de recrutement)est bas dans la région Afrique » révèle Coumba Diop ajoutant que l’OIT , à travers le projet AGRIDOM « va appuyer la Côte d’Ivoire à initier les consultations pour la formulation d’une politique de migration de la main d’œuvre et à améliorer son cadre national législatif à travers, entre autres, la promotion de la ratification de ces conventions ».

Une vue des participants aux travaux

Travailleurs migrants et travailleurs domestiques : une dignité à sauvegarder

Sylvie Kabran Yao est de la Direction Générale du Travail au ministère de l’Emploi et de la Protection Sociale. Pour elle, le projet AGRIDOM est d’un grand apport pour son ministère.
« Nous travaillons à créer des emplois décents. Les connaissances acquises à travers cette formation vont nous permettre de mieux orienter nos politiques relatives à la création d’emplois décents et durables pour tous y compris les travailleurs migrants dont les conditions de travail ne sont pas toujours honorables » indique-t-elle.

Pour Honorat Tano, membre de la plateforme des centrales syndicales ivoiriennes sur la migration, ses attentes de cette formation sont grandes car elle lui donnera les outils nécessaires pour faire un plaidoyer en vue de la ratification des conventions sur la migration de la main d’œuvre.

Comme les travailleurs, le patronat salue l’utilité du projet AGRIDOM. « La migration soulève des problématiques nouvelles. Les gouvernants doivent veiller à la dignité des travailleurs migrants en faisant en sorte qu’il y ait une communication fluide sur la question. Dans ce sens, AGRIDOM permettra au gouvernement d’avoir plus de visibilité sur le marché du travail afin de mieux adresser la situation des travailleurs migrants et des travailleurs domestiques », explique Edouard Ladouyou de la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI).

Les pays ciblés par ce projet (Côte d’Ivoire, Guinée, Burkina Faso) sont tous d’importants pays d’origine et de destination pour la migration de main d’œuvre dans la sous-région, dans un contexte d’un régime de libre circulation dans la zone CEDEAO

Photo de groupe